Libye : l’incontournable Haftar ?
Par Ramdane Yacine – La Libye vit au rythme des batailles de reconquête. Après l’est, c’est au tour de son sud, en proie aux brigades de Misrata. Dans cette bataille du sud, le maréchal Khalifa Haftar, allié au Parlement libyen installé à l’est du pays, joue son va-tout. En effet, depuis le début du mois d’avril, des affrontements très violents opposent des groupes armés de Fajr Libya (Aube de Libye) et l’Armée nationale libyenne, dirigée par le maréchal Khalifa Haftar, allié au Parlement libyen, aux fameuses brigades de Misrata, qui dominaient une partie importante du Sud libyen, lequel referme d’importants gisements pétroliers.
Dans cette bataille qui se joue sur le terrain militaire, ce sont en fait deux visions différentes de l’avenir de la Libye qui s’affrontent : il y a d’un côté les seigneurs de la guerre, les fameuses brigades de Misrata, qui crient à qui veut croire que Misrata est le berceau de la révolution lors du «printemps arabe», alors que les premiers coups de feu ont été tirés à Benghazi, et qui sont soutenus par les politiques parachutés par l’Occident pour leur docilité. Il y a de l’autre côté, le Parlement libyen, élu et auquel est arrimé le maréchal Haftar, l’homme fort de l’Est libyen qui a déjà repris en main le Croisant pétrolier libyen et qui tranche par son charisme, son aura et sa vision réaliste des choses.
La Libye d’aujourd’hui est en proie à toutes les ingérences et les manipulations. Les grandes puissances vont même jusqu’à susurrer les «bienfaits» de la partition du pays, le but inavoué étant bien entendu la prise de contrôle sur ses richesses énergétiques. Sur ces entrefaites, apparaissent donc les fameuses brigades islamistes qui ne sont pour la plupart qu’un ramassis de brigands et de bandits de grands chemins.
L’Algérie, consciente du danger et privilégiant toujours la voie diplomatique et pacifique, avec tout de même une dose de réalisme et de prévention, a dépêché son ministre des Affaires africaines et arabes, Abdelkader Messahel, en Libye pour vanter les vertus du dialogue inclusif et le bannissement de la violence fratricide. Dans le même temps, elle prévient les aventuriers téléguidés et sans lendemain en organisant des manœuvres militaires à ses frontières avec le pays frère et voisin, histoire de tracer la ligne rouge à ne pas dépasser.
La Libye est à la croisée des chemins. Alors que les puissances occidentales et autres, qui se jouent de l’avenir du pays frère et voisin, tentent d’imposer leur solution en soutenant des politiques fabriqués dans les laboratoires de leurs officines, la réalité du terrain démontre que la Libye ne peut pas se passer d’un militaire comme Haftar qui jouirait d’un large consensus, condition sine qua non pour ramener la stabilité et l’ordre dans le bourbier libyen.
R. Y.
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