Ouyahia : «Nous ne céderons pas aux injonctions du FMI !»
C’est à partir de Tizi Ouzou, et devant une salle comble, qu’Ahmed Ouyahia, secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), a étrillé le Fonds monétaire international (FMI).
«Nous subissons de fortes pressions extérieures. Nous avons des problèmes, notamment économiques, que nous devons traiter nous-mêmes. Car le FMI nous a à l’œil et cherche à nous imposer sa vision, comme dans les années 1990», lance Ahmed Ouyahia qui plaide pour la décentralisation et l’encouragement de l’investissement productif partout dans le pays. «Le FMI veut que l’Etat abandonne son caractère social, qu’il cesse de subventionner les produits de première nécessité, qu’il soutienne les prix des carburants, de l’eau et de l’électricité, que l’Etat dégraisse les effectifs de la Fonction publique et qu’il arrête son soutien à l’investissement», résume celui qui est également le directeur du cabinet du président de la République.
Assurant bien connaître les procédés de ce Fonds pour avoir eu à gouverner durant la période de cessation de paiement qui avait contraint l’Algérie à mettre ses finances sous son contrôle, Ahmed Ouyahia avertit contre le retour à l’endettement extérieur qui donnerait au FMI et à la Banque mondiale le droit d’ingérence dans la gestion des finances publiques. Pour Ahmed Ouyahia, suivre le FMI, c’est faire plonger le pays dans une grave crise sociale avec d’importantes turbulences aux conséquences incalculables.
Pour éviter à l’Algérie la même situation que celle vécue après 1986, le SG du RND appelle à la mobilisation pour permettre à son parti d’avoir une majorité qui lui permettrait de rendre effective la décentralisation. Le parti d’Ahmed Ouyahia en fera un axe «central» de son activité au sein du prochain Parlement, tant l’option lui paraît importante, voire de l’ordre de la panacée. Au-delà des vertus de ce choix en termes de démocratisation de la décision notamment, l’enjeu est de susciter, affirme Ahmed Ouyahia, «la compétition interwilayas et l’exploitation pleine des potentialités locales et régionales dans l’intérêt général du pays. Mais aussi bien orienter l’effort de l’investissement en fonction des potentialités de chaque région».
Ahmed Ouyahia se dit ainsi favorable au renforcement des pouvoirs des maires et des Assemblées communales et de wilayas afin de stimuler l’acte d’investir et de réveiller les initiatives locales de sorte à créer de la valeur ajoutée. Ahmed Ouyahia poursuit en insistant sur l’unité nationale. Le patron du RND souligne le rôle de la Wilaya III historique durant la guerre de Libération nationale et les sacrifices de cette région pour faire avancer la démocratie en Algérie.
D’avril 1980 au printemps noir de 2001, Ahmed Ouyahia estime que la Kabylie a payé un lourd tribut pour sa liberté, assurant que la population de cette région reste toujours attachée à son algérianité. Le chef du RND met en avant les progrès enregistrés en matière de reconnaissance de la langue amazighe, devenue officielle dans la nouvelle Constitution.
Hani Abdi
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