Voilà pourquoi je ne suis pas solidaire avec Fekhar !
Par Youcef Benzatat – Kamel-Eddine Fekhar est un prisonnier politique qui a été arrêté en juillet 2015 et condamné depuis pour atteinte à la souveraineté de l’Etat. En grève de la faim depuis plusieurs semaines, son état de santé se dégrade dangereusement et il risque de mourir s’il continue à refuser de s’alimenter.
Peu importe la légitimité ou non du pouvoir qui l’a arrêté, l’indépendance ou l’asservissement de la justice qui l’a condamné, Kamel-Eddine Fekhar s’est rendu coupable d’atteinte à la souveraineté de l’Etat, en appelant des instances internationales à s’immiscer dans nos affaires intérieures avec toutes les conséquences que cela pourrait avoir sur la paix civile et sur l’intégrité de notre territoire national. Son combat pour la séparation ethnique des Algériens, en revendiquant la ghettoïsation du M’zab, en solidarité avec les séparatistes kabyles, n’est pas un combat au profit de la nation algérienne et du peuple algérien et de sa souveraineté.
De ce fait, tout Algérien attaché à sa patrie se doit de condamner de tels agissements, indépendamment de la volonté du pouvoir. La lutte pour le rétablissement du peuple algérien dans son identité appartient à tous les Algériens, et personne ne peut prétendre en imposer le monopole. Elle est d’abord une affaire de débat de société à mener pragmatiquement par des compétences en anthropologie, en histoire, en linguistique, en philosophie, en archéologie et par toute autre compétence susceptible de verser des arguments pertinents dans le débat.
Car notre société est traversée depuis plus de deux millénaires de toutes sortes d’apports de populations et de cultures étrangères, qui n’ont pas manqué à produire des métissages très complexes et une altération de la culture originale amazighe qui a débouché sur une forme de transculturalité, perceptible dans nos modes d’expression d’aujourd’hui. Ce qui fait de notre identité une singularité, qui n’est ni amazighe ni arabe. Dans ce cas, le combat de Kamel-Eddine Fekhar s’inscrit dans un processus de division et de menace sur d’éventuels conflits interethniques, meurtriers et dévastateurs. C’est pour cette raison que l’on ne peut être solidaire avec son combat et le soutenir dans l’épreuve difficile qu’il traverse.
Cette désolidarisation avec son emprisonnement traduit une volonté de préservation de toute une population, de son cadre de vie et de la menace qu’il peut représenter en étant libre de ses mouvements, allant jusqu’à pouvoir mettre en péril l’existence de toute une nation. D’autant que celle-ci est menacée de toute part dans une conjoncture internationale qui lui est très défavorable.
Par ailleurs, indépendamment que l’on soit pour ou contre la peine de mort, on ne peut prendre le risque d’appeler à sa libération si celle-ci pourra constituer un danger pour le destin de toute une nation. Qu’il recoure au chantage de la grève de la faim pour espérer une libération, c’est en partie de sa responsabilité si un malheur le frapperait. Car, si toute personne qui menacerait l’existence d’une nation pourrait obtenir sa libération suite à un tel chantage, cette nation courrait le risque de disparaître à la moindre volonté malveillante qui la viserait.
Voilà pourquoi on ne peut être solidaire d’un prisonnier politique lorsque celui-ci prétend obtenir sa libération pour pouvoir continuer à exercer sa dangereuse activité qui menacerait de mettre en péril l’unité de son peuple et l’intégrité de son territoire.
Y. B.
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