Pourquoi Marine Le Pen n’appliquera pas son programme si elle est élue Présidente
Tout indique que la candidate du Front national (FN) à la présidentielle française abandonnerait son programme si elle était élue à l’Elysée. Son discours, qui tend à basculer vers le centre, prouve que ses positions radicales et ses propositions chocs n’étaient qu’un attrape-nigaud pour attirer les millions d’électeurs français en colère contre les pouvoirs socialiste et libéral, dont la gouvernance a conduit la sixième puissance mondiale à une situation économique désastreuse. Se présentant comme la candidate extra-système, Marine Le Pen semble pourtant puiser sa force dans le régime politique duquel elle a tété depuis sa prime jeunesse, collée à son père, vieux routier de la politique. Son rival Emmanuel Macron n’a pas tort d’affirmer que la candidate du FN est un pur produit de ce système puisqu’elle est «née dans un château» et qu’elle a vécu à l’ombre du fondateur du parti dont elle préside aux destinées aujourd’hui. Ce constat fait que la candidate de l’extrême-droite emboîtera inexorablement le pas au président américain Donald Trump, qui a balayé d’un revers de la main une bonne partie des promesses qu’il avait faites lors de sa houleuse campagne électorale, grâce à laquelle il a mis au tapis la candidate favorite Hillary Clinton.
Si Marine Le Pen venait à succéder à François Hollande, elle serait astreinte au respect total de la politique étrangère française initiée par Nicolas Sarkozy, sous l’impulsion de l’Otan et de son principal pourvoyeur de fonds et d’armes, les Etats-Unis. Il serait naïf de croire que l’interventionnisme zélé de la France en Syrie et – avant – en Libye ne serait qu’une lubie des décideurs politiques français. C’est contraint que le successeur socialiste du président issu de la droite a poursuivi cette politique belliqueuse dictée par la première puissance mondiale à ses satellites européens, au premier rang desquels la France et la Grande-Bretagne. Aussi, ni la France ne quitterait l’Union européenne ni l’euro ne serait abandonné dans le cas où la présidente du FN battrait Emmanuel Macron au second tour, qui s’annonce très serré.
Les propos de Marine Le Pen tendent à se modérer au fur et à mesure que la date fatidique approche, jusqu’à finir par appliquer exactement le contraire de tout ce qui est énoncé dans le programme politique de la candidate. Face à la réalité des faits, Marine Le Pen, Présidente, abdiquera et remisera au placard son engagement à se retirer si les Français ne voteraient pas pour le retrait de la France de l’Union européenne. Car, entre temps, la Grande-Bretagne aura actionné les verrous juridiques, diplomatiques et politiques pour réintégrer l’Europe, dont elle ne peut se passer, malgré les «bienfaits» vantés du Brexit.
Une victoire d’Emmanuel Macron évitera à la France les turpitudes d’un revirement de la candidate du Front national, qui enfoncerait le pays dans une crise politique majeure.
Karim Bouali
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