L’alliance islamiste de l’Ittihad justifie son échec
Dans une déclaration rendue publique, l’alliance islamiste, composée des mouvements Ennahda, El-Adala et El-Binaa, a vivement critiqué les élections du 4 mai, en accusant l’administration de recourir à des procédés illégaux, notamment le gonflement du taux de participation, «pour favoriser certains partis politiques». Pour cette alliance, les résultats ne reflètent pas la carte politique réelle en Algérie, «ne sont pas à la hauteur des aspirations des Algériens et n’aident pas le pays à surmonter ses multiples crises et à affronter les défis auxquels il est confronté», lit-on encore dans la déclaration. Elle estime que le pouvoir «a fait rater aux Algériens une vraie occasion pour opérer un saut vers l’approfondissement de la démocratie et sortir le pays de son impasse».
Selon les auteurs du communiqué, le climat ayant entouré et accompagné les élections a été marqué par «l’autisme» du pouvoir, notamment en ce qui concerne la revendication de l’opposition pour la mise en place de véritables mécanismes garantissant la transparence et la régularité du scrutin. L’alliance, conduite par Abdallah Djaballah, reconnaît qu’il existe un seul parti majoritaire : le bulletin nul, en plus des 15 millions d’abstentionnistes. Et de poursuivre : «Ce constat révèle l’étendue du discrédit qui frappe l’action politique dans notre pays, ce qui appelle des solutions urgentes et sérieuses pour mettre fin à cette crise de représentation politique.»
Dans le même sillage, «la tête de liste» de l’alliance dans la wilaya d’Alger, le sulfureux député Hassan Aribi, a considéré que le nombre de sièges obtenus par l’Ittihad à l’échelle nationale (15) est «en-deçà des potentialités qu’il recèle», criant lui aussi à la fraude. Il estime que les électeurs acquis au courant islamiste ayant boycotté le scrutin du 4 mai, et qu’il évalue à des millions, «ont consolidé la position du pouvoir en place», affirme-t-il dans une déclaration. Aribi a reconnu que son activisme au niveau de l’APN a eu des «effets pervers» et parle d’un «vote sanction» qui a particulièrement touché l’alliance qu’il représente.
Pointant du doigt la Haute Instance de surveillance des élections, Aribi juge qu’elle a «les mains ligotées» et que c’est le ministère de l’Intérieur qui a le contrôle effectif sur l’ensemble du processus électoral.
R. Mahmoudi
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