Emmanuel Macron élu largement Président
Le candidat du mouvement En Marche !, Emmanuel Macron (39 ans), a été élu dimanche, à l’issue du 2e tour de l’élection présidentielle, président de la République française en battant largement sa rivale du Front national (FN), Marine Le Pen, et bouleverse ainsi la hiérarchie politique française.
Une année à peine après avoir fondé son mouvement, se disant ni de gauche ni de droite, le 8e président sous la Ve République a remporté l’élection avec un taux de 65,1%, contre 34,9% pour la candidate de l’extrême droite. Il fait mieux que son prédécesseur, François Hollande, qui avait remporté la présidentielle de 2012 avec 51,64% devant Nicolas Sarkozy (48,36%) ou encore par rapport à la présidentielle de 2007 où Sarkozy l’avait remportée avec 53,06% contre Ségolène Royal (46,94%).
Le taux de participation, une des questions clés de cette présidentielle, a atteint 74%, alors que l’abstention est de 26,80%, une baisse historique. Le taux de participation était à 17h de 65,30%, alors qu’en 2012, il avait atteint à la même heure 71,96%.
Toutefois, le résultat obtenu par Emmanuel Macron, malgré la campagne de dénigrement et de déstabilisation menée par sa rivale, notamment entre les deux tours, est un message fort donné par les Français, lassés par le clivage droite-gauche et abusés par les affaires de corruption ayant touché leurs politiques, pour une recomposition du paysage politique avec, en trame de fond, le besoin d’un changement et de nouveaux visages.
L’autre signal fort que les Français ont livré est le refus de tout extrémisme ou d’aventurisme prônés par la présidente du FN qui propose un nationalisme aveugle monté contre les communautés issues de l’immigration avec ce qu’elles véhiculent comme valeurs religieuses et culturelles. Mais ce parti, qui joue avec la colère des Français, a récolté dans cette élection un électorat record avec plus de 10 millions de Français qui ont voté pour Marine Le Pen. Ce qui laisse indiquer, selon de nombreux observateurs, qu’il faudra compter avec lui lors des prochaines échéances électorales.
Par ailleurs, ce choix des Français en faveur d’Emmanuel Macron montre, selon des analystes, que le jeu des partis politiques traditionnels est devenu impossible afin qu’il puisse apporter les solutions à la crise que traverse la France sur le plan de la croissance, de l’emploi, de l’égalité des chances et les réponses appropriées à la menace terroriste. Le programme d’Emmanuel Macron, nourri par 3 000 ateliers participatifs et par le travail de plusieurs centaines d’experts, vise à libérer les énergies, accroître les solidarités, renforcer les droits et l’équité et responsabiliser tous les acteurs publics et privés.
Sur un autre registre, le président élu se présente comme le seul à avoir abordé la question mémorielle avec courage, en qualifiant, lors de sa visite en Algérie en tant que candidat, la colonisation de crimes contre l’humanité. Ce qui a soulevé un tollé auprès des nostalgiques de l’Algérie française, des harkis et de la droite dans son ensemble. Cet ancien ministre de l’Economie démissionnaire, sur lequel le président Hollande avait dit qu’«il m’a trahi avec méthode», veut tourner la page des cinq et même des vingt dernières années de la vie politique et économique de la France. Il se dit convaincu de parvenir à dépasser les clivages stériles entre la gauche et la droite qui ont bloqué (le) pays.
R. N.
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