Initier les débats pour le changement
Par Benguesmia Chadly – Dans ce contexte de désaffection général des citoyens à l’égard des élections, de la politique et des politiques, le pouvoir s’entête à maintenir le pays dans un état de déliquescence total. Enfin, la cacophonie des élections s’est tue et le quotidien, dans son inquiétude sereine, poursuit son chemin habituel cahin-caha, sans le brouhaha audiovisuel d’une pseudo-campagne pour l’élection de ceux qui, en principe, doivent représenter, exprimer, défendre, voire imposer pacifiquement les intérêts des Algériens, dans leur diversité.
Les résultats maquillés encore une fois de cette élection et le déroulement de sa campagne, tout en étant une réplique des élections législatives passées, n’ont fait que réitérer une nouvelle fois la position de la majorité silencieuse, mais consciente, du peuple algérien. Cette position qui consiste à mettre à chaque rendez vous électoral plus de distance entre la majorité silencieuse consciente et le pouvoir en place. La distance qui exprime ouvertement et pacifiquement la rupture totale de confiance avec tous ceux qui servent, animent et dirigent cet ordre institutionnel, malléable et corvéable, au service de ce prince du moment.
En dépit de la morosité de cette campagne et la médiocrité de ce brouhaha, un grand nombre de conséquences peuvent en être tirées. Beaucoup de choses nous interpellent. La première est cette attitude distante de la très grande majorité des Algériens vis-à-vis des élections en tant qu’enjeux mais aussi mécanisme. Le fort taux d’abstention est suffisamment révélateur de cette attitude pour celui qui, évidemment, désire être à l’écoute des citoyens.
La grande majorité de nos concitoyens l’a encore parfaitement exprimé lors du scrutin du 4 mai 2017. Pour elle, ces assemblées ne sont nullement ces institutions où ses intérêts sont représentés et, encore moins, défendus. Pour ces Algériens, ces assemblées sont là pour défendre les intérêts politiques de ceux qui détiennent le pouvoir dans l’Etat. Ne considèrent-ils pas que la raison d’être des élus est de lever la main en contrepartie d’avantages et de privilèges en espèces et en nature conséquents ? Les Algériens ne sont pas dupes. Ils ne l’ont jamais été, et ils ne le seront jamais. Reste que les citoyens ont besoin de définir leurs libertés pour pouvoir s’affranchir définitivement dans cette Algérie indépendante depuis 1962.
Il est grand temps de remédier à cet état des choses malsain qui cause la mal-vie des Algériens, jeunes et moins jeunes, femmes et hommes, d’une part, et pour bannir à jamais ces maux abjects qui génèrent des inégalités monstrueuses sur les plans social, économique et politique au sein de notre société, d’autre part.
Seul un consensus national autour d’un front patriotique pour un changement radical du régime peut mettre fin aux déviations de ceux qui détiennent les règnes du pouvoir et de ceux qui les servent : conservatisme, paternalisme anachronique, démagogie, archaïsme, despotisme, clanisme, régionalisme, clientélisme, iniquité, abus de pouvoir, passe-droits, privilèges éhontés, enrichissement illicite, corruption effrénée, laxisme, injustice, incompétence…, d’une part, et, compte tenu de leurs incidences désastreuses sur la société algérienne : exclusion sociale, chômage, paupérisation, mal-vie, abattement, repli sur soi, fanatisme religieux, terrorisme, criminalité, émigration clandestine, suicide, discrédit des institutions de l’Etat…, d’autre part, l’édification d’un Etat démocratique républicain et social est une nécessité impérieuse par la restauration des valeurs de la révolution démocratique initiée le 1er Novembre 1954.
Ce changement et cette refondation n’ont pas pour but de remplacer des hommes par d’autres hommes à la tête des institutions de l’Etat ou de substituer aux institutions actuelles des institutions nouvelles pour que d’autres hommes se retrouvent aux commandes de celles-ci, sans que rien ne change. Non, cela n’est pas, et ne doit pas être la finalité de cette exigence.
Dans tout cela, un silence de mort pèse sur la classe politique qui a sombré depuis fort longtemps dans un autisme aberrant dans l’attente d’on ne sait quoi. Le divorce entre le pouvoir et la population étant définitivement consommé, nous devons nous mobiliser pour une autre Algérie que celle qu’on veut nous imposer et en finir avec les positions timides. Cela seule la mobilisation des capacités de la société civile devra être en mesure de faire entendre sa voix et préparer l’avenir avant qu’il ne soit trop tard.
Grâce à l’internet et ses réseaux sociaux, en groupe, à titre individuel et par tous les moyens de communication, nous avons le devoir d’initier les débats sur le changement.
B. C.
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