Macron enterre le système bipolaire et retarde le Front national de cinq ans
L’élection d’Emmanuel Macron à l’Elysée, largement vainqueur face à sa rivale, est une réédition des scénarios précédents. La candidate du Front national parvient à chaque élection présidentielle à atteindre le premier tour, puis elle cale au second, après une prise de conscience des électeurs français qui appréhendent la menace que représenterait un éventuel avènement de l’extrême-droite au pouvoir en France. Au vu du résultat de cette élection, il s’avère que les électeurs qui avaient voté pour Jean-Luc Mélenchon, François Fillon et Benoît Hamon ont tous offert leurs voix au candidat du mouvement En marche !, dans un sursaut salvateur collectif pour faire barrage à Marine Le Pen. Le Front national n’arrive pas à rallier davantage de Français à ses thèses extrémistes, bien que les circonstances difficiles que traverse la France, cible d’attentats terroristes sanglants, aient semblé profiter à cette mouvance qui fait de la chasse à l’étranger son leitmotiv, dans un contexte marqué par un flux migratoire sans précédent en provenance du Moyen-Orient et de l’Afrique subsaharienne.
Les Français ont privilégié la voix de la raison et ont donc voté pour Emmanuel Macron, malgré les craintes que suscite le programme de celui qu’on décrit comme le candidat du CAC40, c’est-à-dire de la puissance de l’argent, quand bien même il s’identifie lui-même au centre-gauche. Le parcours de ce jeune énarque, qui tient désormais les rênes d’une puissance économique en crise, le prédestine à un mandat qui verra de grands chamboulements dans la conduite des affaires dans ce pays. Emmanuel Macron voudra, dès sa prise de fonction, prouver à l’opinion publique française qu’il compte bien tourner la page du système politique bipolaire que se partageaient la droite et la gauche depuis des décennies.
Le nouveau locataire de l’Elysée inaugure ainsi une nouvelle étape dans l’histoire politique française, dans laquelle les Républicains et le Parti socialiste se verront dans l’obligation de se réformer ou disparaître. Et, paradoxalement, en dépit de son large score, le successeur de François Hollande fera face à un tir croisé de toutes les forces politiques qui ont été laminées lors de cette présidentielle inédite. Jean-Luc Mélenchon a d’ores et déjà ouvert le feu, les autres suivront. Car maintenant que la menace Le Pen est reportée de cinq autres années, la guerre pour la conquête de l’Assemblée, en attendant celle de la prochaine présidentielle, est déjà déclarée.
Karim Bouali
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