Lamamra : «Il n’existe aucun lieu de détention en Algérie qui échappe à la loi»
Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a assuré devant le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU qu’il n’existe aucun lieu de détention secret sur le sol algérien. «Il n’existe aucun lieu de détention en Algérie qui échappe à la loi ou soit hors de sa portée», a-t-il répondu aujourd’hui à Genève aux insinuations de certaines ONG internationales qui tentent de semer le doute dans l’opinion internationale sur de «prétendues prisons secrètes».
Le ministre des AE a ainsi démenti toutes les allégations sur ce sujet, en précisant que «l’Etat de droit serait inopérant sans une justice indépendante rendue par des magistrats professionnels qui n’obéissent qu’à la loi et hors de portée de toutes formes d’entraves, de pressions ou de menaces». S’exprimant à l’ouverture de la 27e session du mécanisme d’examen par les pairs du Conseil des droits de l’Homme, Lamamra a souligné que l’Algérie compte aujourd’hui 47 cours d’appel, 219 tribunaux et 33 annexes, 38 tribunaux administratifs, une Cour suprême, un Conseil d’Etat et un tribunal des conflits. «Cette densification de la carte judiciaire en Algérie vise à rapprocher le justiciable des juridictions», a-t-il expliqué tout en évoquant le plan de modernisation visant l’humanisation des conditions de détention à la faveur d’un vaste programme de construction d’établissements pénitentiaires aux normes internationales pouvant, de l’avis de nombreux observateurs avertis, y compris le CICR, inspirer nombre d’Etats».
Au plan législatif, il a fait savoir que de nombreux amendements ont été introduits, depuis le dernier rapport de 2012, dans le Code pénal et celui des procédures pénales. Lamamra a affirmé «sans prétendre à l’exhaustivité» que «l’Algérie a été un pionnier dans sa sphère civilisationnelle à observer un moratoire effectif, de la peine de mort depuis déjà un quart de siècle». Il a assuré qu’il s’agit d’un constat réel, prenant le soin de préciser que ce moratoire a été appliqué en pleine période de terrorisme. Le ministre des Affaires étrangères refuse cependant l’idée de l’uniformité des droits de l’Homme. «L’Algérie a foi dans le multilatéralisme. Elle fait sien le principe de l’universalité des droits de l’Homme. Elle récuse, au nom de la diversité de la composante de la famille humaine, l’uniformité en se fondant précisément sur la reconnaissance des particularités philosophiques, civilisationnelles, historiques, culturelles sociologiques et religieuses. L’universalité ne doit aucunement signifier unicité et/ou uniformité du modèle d’organisation sociale ou politique», a-t-il soutenu, estimant que «le respect aux religions révélées et à leurs représentations ne doit pas être attentatoire, au nom de la liberté d’expression, aux croyances et aux convictions des centaines de millions de fidèles».
Ramtane Lamamra réfute ainsi l’amalgame entretenu dans de nombreux forums au sujet de la question de l’orientation sexuelle qui est un choix relevant de l’intimité des personnes pour le présenter comme une discrimination». Lamamra a affirmé que «les Etats n’ont pas vocation, au nom du respect des droits de l’Homme, à s’ingérer dans la vie privée de leurs citoyens et, encore moins, à l’exposer dans la vie publique pour des considérations électoralistes et l’imposer dans les agendas diplomatiques».
Il a souligné que la liberté de culte et de religion «est garantie en Algérie par la Constitution» et que l’exercice des cultes, y compris l’islam, «doit obéir des considérations telles que le lieu doit être identifié, répertorié et connu des autorités publiques, les personnes prêchant ledit culte doivent avoir la qualification requise».
Le ministre des Affaires étrangères a assuré que les cas d’interdiction ou de présumées restrictions, voire de poursuites, «n’ont aucun rapport avec l’exercice des libertés religieuses puisque les personnes poursuivies le sont pour des infractions au droit commun, telles que l’entrée ou le séjour illégal, la collecte non autorisée de fonds, l’exercice illégal d’une profession réglementée ou la promotion de visions sectaires attentatoires à l’ordre public».
Sonia Baker
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