Macron : pari à moitié gagné
Par Mrizek Sahraoui – Avec 66,1% des suffrages exprimés, Emmanuel Macron a gagné le pari invraisemblable qu’il s’était fixé il y a un plus d’une année : devenir président de la République. C’est fait.
Seulement, les résultats obtenus à l’issue du verdict sont loin, très loin, d’être un blanc-seing pour que le futur locataire de l’Elysée puisse jouir d’une gouvernance pleine et entière et évite une cohabitation. Il lui faudra donner au Parlement les couleurs d’En Marche !, ce mouvement qui a réussi à bouleverser le paysage politique français, en pulvérisant littéralement les deux partis traditionnels ayant partagé le pouvoir depuis la fondation de la Ve République, Les Républicains et le Parti socialiste (LR et PS).
Pour s’assurer une majorité parlementaire, le nouveau président doit ratisser large et partir à la conquête du nombre record de voix non exprimées, composées des abstentionnistes, des votes blancs et nuls, pour un total de 16 millions d’électeurs. La gageure est difficile à relever, d’autant que la bataille de la seconde manche est d’ors et déjà lancée.
D’ailleurs, juste après l’annonce du verdict sacrant le candidat d’En Marche ! huitième (nominativement) président de la Ve république, les leaders des autres tendances ont appelé leur camp respectif au rassemblement dans la perspective des législatives de juin prochain.
«Aujourd’hui, nous sommes clairement positionnés pour être la première force d’opposition face à Emmanuel Macron. Nous avons derrière nous 10 millions d’électeurs», a-t-on expliqué du côté du Front national dans les différentes déclarations télévisées d’après défaite.
Dans une courte intervention télévisée là encore, Jean-Luc Mélenchon, tout en prenant «acte sans barguigner» des résultats du second tour, a appelé à combattre le
«nouveau monarque présidentiel» et, par là même, a prié les 19,58% des voix du premier tour à rester «regroupés» pour jouer les premiers rôles et permettre ainsi au leader de la France insoumise d’incarner l’«opposant numéro un» lors des élections parlementaires prévues les 11 et 18 juin.
Après la bérézina du premier tour et tiraillés par la disqualification de leur candidat, Les Républicains, à défaut de gagner la présidentielle qui leur a échappés, pourtant à portée de main et de l’urne, nourrissent désormais l’espoir de conquérir au moins le pouvoir législatif. A la tête de la droite et du centre, François Baroin, sénateur et maire de Troyes, veut «une majorité absolue» pour son camp en juin.
D’ordinaire, les Français sont cohérents. Pour permettre à chaque nouveau président de mettre en œuvre son projet, ils le confortent et lui confirment subséquemment une majorité parlementaire.
Emmanuel Macron a gagné la première manche, reste à savoir ce que sera la volonté des Français au soir du 18 juin. Car, l’élection présidentielle de 2017, par son caractère en tous points de vue inédite, ne ressemble à nulle autre qui l’a précédée, et d’autres surprises ne sont pas à écarter.
M. S.
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