Martin Kobler à partir d’Alger : «La situation en Libye est désastreuse»
Le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU et chef de la Manul, Richard Kobler, a dressé un tableau noir de la situation qui prévaut en Libye, lors de son intervention à la réunion ministérielle des Etats voisins de la Libye qui s’est déroulée aujourd’hui à Alger. M. Kobler a tiré la sonnette d’alarme sur la Libye lors de cette réunion qui intervient plus d’un an après la signature de l’Accord politique libyen. «Beaucoup de choses ont été réalisées», a-t-il déclaré dans une déclaration dont nous avons reçu copie, mais «les dynamiques négatives ont encore les moyens de compromettre la stabilité», a-t-il observé. M. Kobler a été sans équivoque sur la réalité sociale et économique du pays : «La double crise monétaire et de liquidité devient systémique, et si elle n’est pas redressée rapidement et efficacement, les conséquences seront désastreuses et affecteront sur le long terme les perspectives économiques et financières du pays.»
En outre, il a averti que «les progrès réalisés dans la lutte contre les groupes terroristes seront compromis si la violence se poursuit dans des régions comme Jufra et le sud de la Libye». Pour le diplomate, «la polarisation politique et les renforcements militaires dans le sud sont particulièrement préoccupants. Ils propagent le conflit et affectent négativement une situation humanitaire déjà fragile». Et d’appeler à l’arrêt de la violence et le retour à la politique : «La réalisation d’objectifs politiques par la violence doit s’arrêter. Il est temps de revenir à la politique.» L’accord politique libyen «n’est pas parfait, des amendements partiels et limités sont nécessaires», a ajouté M. Kobler, citant au passage les efforts des pays voisins qu’il a qualifiés de «remarquables».
Enfin, Richard Kobler a proposé une feuille de route pour la paix en six points, qui s’articule autour du maintien de l’accord politique libyen comme «le cadre d’une solution négociée». Il a qualifié la volonté du maréchal Haftar de négocier sur la base de l’Accord politique libyen de «source d’optimisme calculé». Il dit soutenir les initiatives visant à améliorer la sécurité des frontières méridionales de la Libye, ce qui «apporterait plus de stabilité à la Libye et à tous ses voisins».
L’autre point de cette feuille de route concerne les différents acteurs politiques et militaires appelés à la table des négociations dans le cadre d’un dialogue politique visant à «parvenir à un règlement politique».
Ramdane Yacine
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