Des cadres du FLN veulent la tête de Djamel Ould-Abbès après la débâcle des législatives
La fronde reprend au FLN après les résultats des législatives. Dans un communiqué (n°2), dont Algeriepatriotique a reçu une copie, des membres du comité central exigent qu’Ould-Abbès rende compte du recul, présenté comme un fiasco, du parti au scrutin du 4 mai. On ne connaît pas le nombre exact des membres du CC qui se sont associés à ce communiqué signé, en leurs noms, par quatre d’entre eux : Brahim Boulegane, Djihad Berrached, Ahmed Chaker, Mustapha Mazouzi et Bachir Chara. Mais l’acte d’accusation contre Ould-Abbès est lourd.
Ce qui est reproché au SG actuel : la complète mise à l’écart du CC (ce sont les termes du communiqué) dans toutes les étapes de la préparation des élections législatives, ce qui a conduit à ce qui est considéré comme une déroute ; la violation des statuts et du règlement interne du parti ; l’examen superficiel des dossiers de candidatures et leur confection sans tenir compte des conditions posées par les statuts du FLN, sans l’avis de la base, surtout s’agissant des têtes et premières places des listes ; salir le prestige du FLN par la pratique de la corruption ; campagne électorale menée individuellement par Ould-Abbès centrée sur sa propre personne et son passé ; avoir associé dans cette campagne des personnalités sans rapport avec le FLN… Pour les observateurs de la scène de l’ex-parti unique, rien de surprenant dans ce réquisitoire qui ne dit pas son nom, censé interpeller la commission de discipline et appeler à des sanctions.
La première salve tirée contre le docteur Ould-Abbès est venue de son prédécesseur Saïdani qui a annoncé la couleur avant le vote. Il savait que l’échec était dans l’air et avait eu vent du mécontentement des militants, particulièrement les jeunes qui attendaient leur tour et devront encore patienter avoir d’avoir droit aux avantages liés aux postes électifs en Algérie. Saïdani ne manquera pas maintenant d’intervenir dans la curée qui ne va pas tarder. Autres acteurs majeurs dans cette bataille dont l’enjeu immédiat est constitué par les élections locales qui auront lieu en octobre : Abderrahmane Belayat et Abdelkrim Abada, frondeurs irréductibles qui espèrent, sans doute, construire sur le revers du FLN aux législatives leur propre retour à sa direction.
Un fait indéniable : Ould-Abbès a échoué dans le défi qu’il a lancé, en tant que secrétaire général du FLN, de donner à son parti la majorité absolue aux élections législatives du 4 mai et de le remettre dans sa position de parti-Etat. L’échec est complet : le FLN n’a pas obtenu le plébiscite populaire rêvé par son SG ; il a perdu des sièges et est talonné par son rival direct, le RND, et il se trouve désormais également menacé par d’autres partis du système qui montrent déjà leurs dents longues. Les amateurs de chiffres ont vite fait, sans calculette, grâce à un calcul mental, de découvrir que le nombre de voix obtenues par les élus FLN n’est pas du tout honorable. Le pire à craindre pour ce parti est qu’il y ait des militants mécontents parmi la grande masse des électeurs qui ont choisi l’abstention, ajoutés à ce qui est compté comme suffrages non exprimés (bulletins blancs ou nuls).
Ould-Abbès avait fait un pari risqué, alors que tout indiquait que les conditions n’étaient plus aussi favorables et que les facilités dont profitait le FLN à chaque élection avaient été réduites par les transformations dans la classe politique et l’arrivée de nouvelles formations sur la liste de la «clientèle» du système avec lesquelles il fallait partager les postes et leur statut privilégié ainsi que les multiples avantages procurés encore par la rente pétrolière. Au sein même du FLN, des éléments non militants ou militants occasionnels, ou carrément des opportunistes, ont été intégrés dans les premières places des listes de candidats selon cette même logique clientéliste, au détriment des membres du «cru».
Comme ses prédécesseurs, Ould-Abbès devra à son tour faire face à une fronde, sans doute nourrie par la lutte de clans, traditionnelle, et attisée par la perspective de la prochaine élection présidentielle, dans à peine deux ans et dont on ne sait pour le moment absolument rien. Pour le FLN, tout dépendra de la façon dont seront tirées les leçons du 4 mai, et la part que prendront dans ce bilan les luttes de clans par personnes interposées (comme le suggère ce communiqué n°2) et celle qui sera accordée à une analyse sérieuse et complète, c’est-à-dire objective, des raisons du recul de l’ex-parti unique. La question qui se pose : Ould-Abbès passera-t-il l’été à la tête du FLN et conduira-t-il la bataille des élections locales ?
Houari Achouri
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