La politique au service des affaires : le FCE compte 79 députés
Le Forum des chefs d’entreprises (FCE) compte 79 députés au sein de la nouvelle Assemblée populaire nationale (APN) issue des élections législatives du 4 mai 2017, selon un décompte fait sur la liste officielle des élus publiée par le Conseil constitutionnel. Les 79 hommes d’affaires élus sont affiliés au FCE, dirigé par le patron du groupe ETRHB, Ali Hadddad, et appartiennent à plusieurs formations politiques, dont le FLN, le RND, TAJ, et des indépendants principalement.
Plus qu’en 2012 ou en 2014, la tendance vers une implication de plus en plus active du FCE dans les affaires politiques se confirme en 2017. Lors de l’élection présidentielle de 2014 déjà, le Forum des chefs d’entreprises, sous l’influence des patrons acquis au cercle présidentiel, s’est mué en un syndicat défendant les intérêts de ses membres. Il est allé jusqu’à suggérer, voire imposer des mesures à l’actuel gouvernement. Le FCE d’Ali Haddad impose sa feuille de route.
Dès lors, on parle de redistribution des cartes économiques et le premier aspect reflétant cette redistribution est le contrôle de toutes les structures au sein desquelles s’agrègent les intérêts des acteurs économiques publics et privés. Il en fut ainsi pour le FCE et la Chambre algérienne de commerce et d’industrie (Caci). Les patrons affiliés au FCE militent pour une privatisation tous azimuts du tissu économique. Cela n’est pas nouveau. Toutefois, ils vont maintenant s’efforcer d’accélérer la cadence en agissant de l’intérieur même du pouvoir législatif… et au gouvernement.
Lorsqu’il menait sa campagne pour son élection à la tête du FCE, Ali Haddad s’est résolument exprimé en faveur de l’ouverture au privé du transport aérien, des hydrocarbures et des ressources en eau. Le FCE plaide ouvertement pour une libéralisation qui ne fera aucune distinction entre les secteurs d’activités. La liberté d’entreprendre ne doit, en aucun cas, être entravée, argumente-t-on au sein du FCE, s’appuyant en cela sur l’article 37 de la Constitution qui consacre la liberté d’entreprendre et d’investir.
Pour rappel, Djilali Mehri, patron de l’usine Pepsi-Cola en Algérie, a été élu député de la législature de 2002, de même qu’Omar Ramdane, ancien moudjahid et ancien président du FCE, qui est devenu un sénateur du tiers présidentiel en 2010. A l’époque, le FCE ne comprenait pas en son sein des patrons députés. Des patrons qui investissent l’APN commençaient à devenir nombreux à partir de 2012, lorsqu’Abdelaziz Belkhadem a ouvert les portes du FLN à des personnages comme Mohamed Djemai et Baha Dine Tliba et d’autres.
Ramdane Yacine
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