Bac 2017 : la fraude se prépare malgré le dispositif prévu par Benghabrit
Internet et les réseaux sociaux s’annoncent, cette année encore, comme le cauchemar des responsables du ministère de l’Education nationale chargés du bon déroulement de l’examen du baccalauréat prévu à partir du 11 juin. Le risque de fraude a commencé à être évoqué après l’irruption de Facebook dans le déroulement des épreuves d’attestation de niveau pour l’année scolaire 2016-2017 dans le cycle moyen et dans le cycle secondaire, qui ont débuté hier pour les élèves qui suivent les cours à distance. En effet, apprend-on, les sujets ont fait l’objet d’une publication sur Facebook dès l’entrée des candidats en salle d’examen.
Ce fait va-t-il influer sur le dispositif antifraude mis en place cette année et qui ne prévoit pas le blocage des réseaux sociaux ? La ministre de l’Education nationale, Nouria Benghabrit, a promis que les réseaux sociaux ne seront pas bloqués comme l’an dernier. Cette mesure n’a pas été retenue dans le dispositif antifraude destiné à la sécurisation des examens nationaux (examen de 6e, BEM et baccalauréat). S’agissant particulièrement du bac, elle a laissé entendre, lors de sa conférence de presse tenue à un peu plus d’un mois de la date de l’examen, que le cauchemar de la fraude massive de la session juin 2016 ne se reproduira pas. Elle a affirmé que toutes les mesures ont été prises dans ce but, citant la mise en place de brouilleurs et d’équipements de vidéosurveillance dans les centres d’impression des sujets du bac et de conservation des sujets et… l’interdiction de l’accès des véhicules aux centres d’examen. Mme Benghabrit estime, sans doute, que cela devrait suffire à éviter les fuites de sujets dans un examen qui est présenté, à tort ou à raison, comme une étape décisive pour l’avenir des jeunes Algériens.
La promesse de ne pas bloquer les réseaux sociaux sera-t-elle tenue ? On sait que des mesures annoncées comme définitives, dans ce secteur, ont dû être annulées ou reportées sous la pression des événements. La fraude a toujours accompagné le bac, mais il est rare que son ampleur prenne, comme pour la session de juin 2016, une dimension massive telle qu’elle entraîne une triche généralisée qui fausse tous les résultats. L’an dernier, la fuite de sujets, facilitée par internet et par la circulation sur les réseaux sociaux, a été assimilée à une action subversive et une menace contre la stabilité du pays. Les candidats, surtout ceux qui étaient mal préparés ou peu confiants en leurs chances, n’ont pas raté ce qu’ils pensaient être une aubaine –les nouvelles technologies de l’information et de la communication – leur permettant d’obtenir facilement les réponses. Le ministère avait été obligé de faire repasser les épreuves du bac aux candidats qui se trouvaient dans les salles et centres où la fraude a été évidente.
Pour la session de juin 2017, la riposte élaborée par les autorités consiste principalement à neutraliser l’usage des technologies de l’information et de la communication sans pénaliser tout le pays, c’est-à-dire en évitant le blocage d’internet et des réseaux sociaux.
Mais la source de l’explosion de la fraude, à l’examen du bac en particulier, ne se limite pas à la technologie que les jeunes Algériens maîtrisent parfaitement. Il y a, parmi les candidats, l’idée dominante qu’il faut réussir à tout prix. La fraude a été promue et encouragée par l’ambiance malsaine alimentée par les magouilles en tous genres qui affectent beaucoup de domaines d’activités. Sans une lutte résolue contre l’immoralité qui règne dans la société, la fraude à l’école et aux examens sera «tolérée» et entourée de complicités insoupçonnables qui trouveront toujours leurs justifications dans «ce que font les autres».
Houari Achouri
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