Investissement en Algérie : Total et Technip hors course
Douze années après avoir pris une option sérieuse pour la pétrochimie, l’Algérie relance la machine devant faire de ce segment des hydrocarbures le fer de lance de la diversification de son industrie après l’avoir défini en tant que tel en 2005. Pour ce faire, un appel à manifestation d’intérêt a été lancé en février par la compagnie nationale Sonatrach, pour la réalisation de six complexes pétrochimiques pour un montant de 8 milliards de dollars.
Au total, 53 entreprises de 17 nationalités ont répondu à cet appel d’offres, à l’exception des sociétés françaises dont aucune ne figure sur la liste des soumissionnaires. «Une première depuis l’indépendance», note le journal français Le Monde dans un article paru aujourd’hui. «En ces temps de disette, marqués par la chute des prix du pétrole dès juin 2014, les projets de cette envergure, émanant d’une entreprise solvable, ne courent pas les rues», poursuit le quotidien français avant de s’étonner : «Pourtant, ce sont les partenaires français de Sonatrach qui manquent à l’appel. Une première depuis l’indépendance de l’Algérie.» Le journal indique que 17 parmi les 53 entreprises soumissionnaires à ce projet sont chinoises tandis que «les entreprises françaises, d’habitude les plus promptes à soumissionner pour ce genre de projets en Algérie, se sont abstenues, à la grande surprise des proches du dossier, à Alger». Et le journal de citer nommément «le champion français de l’industrie parapétrolière, Technip, qui a une longue expérience en Algérie», précisant que Technip «est engagé dans une procédure d’arbitrage avec Sonatrach».
En juin 2015, Sonatrach a résilié le contrat de Technip portant sur la rénovation de la raffinerie d’Alger et a lancé une procédure d’arbitrage contre l’entreprise française pour réclamer des pénalités de retard. Le contrat, signé en 2010 pour une durée de réalisation de deux ans, a connu énormément de retard, poussant Sonatrach à le résilier et à confier le reste des travaux aux Chinois de CPECC pour un montant de 45 milliards de dinars algériens (environ 350 millions d’euros).
L’Algérie n’en est pas à ses premières difficultés avec les entreprises françaises du secteur des hydrocarbures. Le groupe Sonatrach avait déjà eu des démêlés avec Total ; la société française avait poursuivi en mai 2016 Sonatrach devant la Cour internationale d’arbitrage de Genève en raison de «l’imposition d’une taxe sur les profits exceptionnels». Le groupe français, agissant comme s’il était en terrain conquis, avait voulu remettre en cause une décision souveraine de l’Algérie avant de se rétracter et de chercher une solution à l’amiable. Le patron de Total avait même rencontré le Premier ministre, Sellal, pour plaider pour le retour de la compagnie en Algérie. Il s’en est suivi l’accord signé le 10 avril dernier entre les compagnies Sonatrach et Total, quelques jours après la visite du Premier ministre français Bernard Cazeneuve à Alger.
Ramdane Yacine
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