Une tentative d’immolation provoque des émeutes : la Tunisie au bord de l’explosion ?
Le syndrome de Bouazizi plane une nouvelle fois sur la Tunisie, sur fond de crise sociale sans précédent. Une tentative d’immolation, mercredi, d’un jeune marchand ambulant dans la localité de Taberba, distante de 25 km de la capitale, a mis le feu aux poudres, en provoquant des affrontements assez violents entre des manifestants en colère et les forces de sécurité appelées en renfort, selon des sources médiatiques concordantes. Ces émeutes viennent en écho aux manifestations quasi quotidiennes dans les régions du sud où les citoyens dénoncent l’insécurité et le chômage.
La situation est si préoccupante depuis quelques jours que le président, Béji Caïd Essebsi, a été contraint d’ordonner à l’armée de protéger les principaux sites de production contre d’éventuels actes de sabotage ou de pillage. Une décision qui a été vivement critiquée par une partie de la classe politique qui y voit une tentative d’impliquer l’institution militaire dans la répression.
La persistance de la crise sociale dans ce pays voisin dissipe tous les espoirs fondés sur les promesses formulées lors d’une conférence internationale organisée, l’été dernier, à Tunis et qui misait sur des investissements étrangers massifs, une sorte de plan Marshall appuyé par les pays occidentaux pour relancer une économie en panne. Il se trouve que même la reprise de l’activité touristique, qui constitue la principale source de revenus pour les Tunisiens, après les attentats meurtriers de 2015 et 2016, ne suffit plus pour assurer la paix sociale dans ce pays confronté aussi au danger terroriste. La multiplication des grèves et l’instabilité gouvernementale, marquée ces derniers mois par les limogeages en série, achèvent de menacer la démocratie tunisienne, que les médias européens se plaisent à présenter comme l’unique exemple de changement réussi dans le monde arabe.
R. Mahmoudi
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