France : premiers couacs du mandat Macron
Moins de quarante-huit heures avant l’investiture du nouveau Président, son parti sous sa nouvelle dénomination, «La République en marche», par la voix de son secrétaire général, a dévoilé en conférence de presse tenue ce jeudi à Paris la liste des candidats investis dans la perspective des élections législatives de juin prochain. Obtenue après étude de 19 000 dossiers reçus en ligne, cette liste, composée de 428 noms, dont la parité (214 hommes et 214 femmes), une promesse forte du candidat Macron, est scrupuleusement respectée, a obéi à des critères sine quibus non, a indiqué le secrétaire général de «La République en marche», Richard Ferrand.
Selon le conférencier, ces investitures, dont la moyenne d’âge est de 46 ans, répondent à l’exigence du principe de renouvellement «des visages et des usages», à l’opposé des pratiques des partis traditionnels en plein délitement qui pratiquaient l’entre-soi et opéraient dans l’opacité totale. Et cela doit se traduire, a encore affirmé le conférencier, par l’introduction de nouvelles personnalités.
Ainsi, 95% des candidats investis n’ont aucune antériorité politique et 52% d’entre eux, devant concourir sous les couleurs du nouveau venu dans le paysage politique français, sont issus de la société civile. Seuls 24 possibles futurs parlementaires sont des députés (sortants) reconduits.
Dans un souci de rassemblement et de pluralité, les postulants retenus sont l’émanation du spectre politique allant de la droite républicaine à la gauche de gouvernement. Les candidats doivent avoir présenté un casier judiciaire vierge. Pour briguer un mandat de député sous la bannière du mouvement du Président, il faut également faire preuve de probité et n’avoir jamais fait l’objet d’une peine d’inéligibilité, gage d’une réelle refondation de la vie politique, a tenu à préciser le lieutenant d’Emmanuel Macron.
Même si cette annonce vient concrétiser une promesse de campagne, il n’en reste pas moins que l’entrée en matière a suscité le courroux du président de Modem. En colère, François Bayrou considère avoir été, en effet, floué et refuse d’avaliser la liste rendue publique. Pour avoir appelé à soutenir le candidat d’En Marche !, le maire de Pau s’attendait à une meilleure répartition des sièges qui devait intégrer plus de cadres issus de son parti. Pour évaluer la nouvelle donne, le centriste a convoqué son bureau politique pour ce vendredi soir, au moment où du côté du parti du président élu, l’on tente de minimiser le couac en appelant à l’apaisement et à poursuivre les discussions.
Le grand écart, qui a permis la victoire d’Emmanuel Macron dimanche dernier, risque sous peu de se transformer, par le retour au galop des pratiques du passé, en boulet. Un handicap qui l’empêcherait de mettre en œuvre les réformes tant promises.
De Paris, Mrizek Sahraoui
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