L’armée de Bagdad, la bouffe et le farniente(*)
Par Aziz Ghedia – Il y a quelques jours, un ministre tunisien du nom de Riadh Mouakher a provoqué, sans le vouloir peut-être, l’ire de la blogosphère et des réseaux sociaux algériens. Comme réactions, je dois avouer qu’on en a vus : des vertes et des pas mûres !
Par correction – et avant de tomber dans une sorte de paranoïa –, j’ai consulté la page Facebook de ce ministre dans laquelle il a tenté de se justifier et d’expliquer l’origine de ce malentendu. Car, apparemment, c’en est un.
En effet, même si cette déclaration est qualifiée par les uns et les autres de boutade, elle n’a rien à envier à celle de Nicolas Sarkozy prononcée lors d’une de ses visites à ce pays frère au mois de juillet 2015. «La Tunisie est frontalière avec l’Algérie et avec la Libye. Ce n’est pas nouveau. Vous n’avez pas choisi votre emplacement», avait-il dit. Pourtant, celle-ci était passée inaperçue à l’époque, elle n’avait pas enflammé la Toile.
Honnêtement, qui s’en souvient encore ? Plus encore, les Tunisiens eux-mêmes étaient gênés par cette déclaration et l’avaient fait savoir par les différents canaux de communication. Peut-être pas à un niveau officiel, mais les internautes tunisiens avaient réagi presque de la même façon que ce que l’on voit aujourd’hui sur nos réseaux sociaux.
Alors, comme le dit si bien l’adage, une faute avouée est une faute à demi pardonnée. L’explication de ce ministre, si elle est vraiment sincère (l’explication et non le ministre), semble bien tenir la route. Ne tenons donc pas rigueur à ce ministre, qui manque peut-être d’expérience, sur la façon dont les relations internationales sont menées particulièrement entre des pays appartenant à la même sphère civilisationnelle et partageant une frontière. Nous ne pensons pas que cette déclaration, sortie peut-être de son contexte par la presse, puisse poser des problèmes sérieux entre les deux pays frères, la Tunisie et l’Algérie.
La fièvre qui s’est emparée de nos réseaux sociaux va retomber. Du moins nous l’espérons. L’été approche à grands pas et un plongeon à la Goulette ou à Hammamet est plus que tentant. Ne soyons pas rancuniers avec nos frères tunisiens. Ne les tenons pas par la main ou la manne (tourisme) qui fait vraiment mal. Leur situation économique et sociale se dégradant de plus en plus, ils ont plus que jamais besoin de notre aide et de notre amitié. Et c’est la main tendue à un ami dans les moments difficiles qui fait la grandeur d’un peuple, d’un pays.
Quant au titre de cet article, «âskar Baghdad, makla oue rgad», il fait plutôt référence à autre déclaration du même ministre, comparant notre APN à l’ex-armée de Saddam Hussein qui s’est dispersée, évanouie dans la nature, ou s’est mêlé aux civils dès les premières escarmouches avec les GI’S. On n’a pas à défendre la nôtre. Elle peut se défendre elle-même. L’expérience qu’elle a acquise lors de la décennie noire fait d’elle une experte en matière de lutte antiterroriste que même les armées de l’Otan lui reconnaissent.
A. G.
(*) âskar Baghdad, makla oue rgad
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