Quelles sont les leçons du 4 mai ?

Par Kamel Moulfi – Les consultations autour de la formation du prochain gouvernement et les commentaires qui les accompagnent contribuent à entretenir dans l’opinion publique, au lieu de la faire oublier, la mauvaise impression laissée par le scrutin du 4 mai tout en alimentant la diversité des interprétations concernant la très forte abstention. Le débat porte plus sur les chiffres de l’abstention et des bulletins nuls, que sur les scores réalisés par les partis. Si la pratique des sondages était développée en Algérie, on aurait pu estimer avant le jour des élections législatives le pourcentage de l’abstention, et après le 4 mai, avoir la palette des motivations avec leurs pourcentages respectifs et les catégories sociales qui s’y rattachent.

A défaut des instruments qui sont utilisés dans les pays développés pour analyser les comportements dans la société face à un événement politique comme les élections, il reste à consulter, dans les archives des médias, ce qui a été rapporté ou noté par les observateurs avant le 4 mai. On pourra constater que l’abstention a non seulement été prévu, mais qu’elle a été surtout expliquée, principalement, par l’impact du contexte social et économique qui est loin d’être propice à la mobilisation, comme l’a prouvé par la suite le faible attrait de la campagne électorale sur la population.

L’érosion continue du pouvoir d’achat et la dégradation du fonctionnement du service public, particulièrement dans la santé et l’éducation, ainsi que les risques sur l’emploi, sur fond de médiatisation à outrance des faits de corruption, dont ceux liés aux élections législatives elles-mêmes, ne sont pas de nature à encourager la grande masse des électeurs à aller au bureau de vote. La distribution de logements sociaux a sans doute légèrement atténué la tendance à l’abstention, de même que le risque sur la stabilité du pays brandi par le discours officiel. Mais aucun argument n’a eu l’effet escompté sur les électeurs, à savoir un vote massif. Il est important de savoir exactement pourquoi les Algériens ont été si nombreux, bien plus qu’habituellement, à ne pas voter. Car il y a des corrections à apporter si l’on veut éviter que cette masse prenne encore plus de poids.

K. M.

Comment (4)

    Mello
    17 mai 2017 - 11 h 15 min

    Mode de scrutin
    Le constat le plus important , en ce 4 Mai 2017, reste ce mode de scrutin a la proportionnelle intégrale qui nous ligote.
    Sinon, comment un parti, comme le FLN puisse avoir la majorité avec 1.7 million de voix sur 8 millions de votants ou encore sur 24 millions d’inscrits ?
    Si un scrutin majoritaire a deux tours etait applique, on aurait une majorité représentative. Les non-votants du 1er tour auront la latitude de le faire au deuxième tour afin de corriger la dérive. Ce système qui propulsa , en France, le candidat Macron de 24 % au premier tour a 64 % au deuxieme tour.

    NOUREDDINE
    16 mai 2017 - 15 h 33 min

    Une Crise Structurelle
    D’abord le discours politique est nuisible et sans âmes et nul. De plus la situation économique du pays va encore se dégrader d’avantage et ce n’est pas la prochaine composition du gouvernement qui va atténuer cela. En effet les conséquences du non paiement des entreprises qui ont des dettes sur l’Etat à cour de liquidité et qui touchent non seulement le secteur privé ainsi que le secteur public auront des conséquences sur des milliers de familles algériennes et cet aspect des choses va même toucher probablement les fonctionnaires de l’Etat. Tout cela ensemble va encore renforcer le boycott des prochaines élections communales. La fragilité du pays est structurelle et non conjoncturelle et c’est cela qu’il faut impérativement corriger.
    Toutes les analyses faites par des personnes sages qui depuis 2000 ont averti sur les dangers de l’économie du bazar et toutes les frasques de la dépenses sans consultation du citoyen et que les gouvernements successifs ont ignorés , voila maintenant que les mêmes responsables de cette situation appellent à l’union nationale pour faire face à la crise qui est tout juste à nos pieds . Tout ce personnel politique n’a plus la crédibilité auprès des citoyens et ce n’est pas le bourrage des urnes et les discours développés par ces messieurs qui peut y remédier. Il faut d’abord nettoyer pour retrouver la confiance du citoyen et ce n’est les deux millions d’électeurs qui ont choisis les nouveaux parlementaires qui apporteront les solutions.

    Riadh
    15 mai 2017 - 21 h 41 min

    l’apres 4 mai 2017
    Des leçons a tirer de la énième malheureuse expérience électorale algérienne, il y en a légion. Chacun pourrait y aller avec sa lecture et ses interprétations d’un évènement politique sensé etre grandiose, mais qui a fini sous forme de mascarade électorale habituelle. Devant un tel rejet populaire du scrutin, un régime démocratique qui se respecte aurait du démissionner, du Chef de l’Etat au plus simple des membres du gouvernement et cela pour avoir échoué lamentablement a gagner la confiance du peuple. Mais au lieu de cela, on assiste a une pitoyable mise aux enchères de fauteuils et de strapontins au gouvernement. On occupe l’opinion publique par un évènement qui n’en sera pas un. La raison la plus évidente est que c’est le même Premier Ministre qui a échoué sur toute la ligne qui mène les pseudo-consultations. Ainsi donc, comme lors de la campagne électorale, il n’est point question de débats sur le programme politique a mettre en œuvre a l’avenir, de solutions a la crise multiforme dans laquelle le régime a enfoui le pays…Tout est axé sur combien de sièges et lesquels a céder et a qui? la condition sine qua non est de ne parler que de sièges, de privilèges et de pouvoir personnel. Même Makri du MSP qui fait de la résistance -justifiée- risque d’y laisser des plumes a cause de traitres au sein de son parti, a la tête desquels trône Soltani. Pitoyable! A l’heure ou l’avenir du pays est chaque instant davantage incertain et fragile, nos gouvernants se battent pour des fauteuils dans un gouvernement virtuel. Le message du peuple du 4 mai est clair comme de l’eau de roche. Sauf pour le pouvoir!

    Mello
    15 mai 2017 - 12 h 22 min

    Apres le 4Mai
    L’election presidentielle en France qui a porte Macron ,inconnu il y a quelques mois, a la magistrature supreme, revele la capacite d’un peuple a vouloir un changement et a prendre son destin en main. En Algerie, les elections , prises en otage par le pouvoir, sont des etapes , cycliques, de rejet par le peuple qui n’en finit pas d’exprimer son ras le bol d’ une vie extenuante de par sa cherete, ses bloquages administratifs et toute sorte de problemes complexes que l’Etat aurait pu eviter. Mais ce rejet des elections ,est il la meilleure solution, tout en sachant que les partis du pouvoir continuent a sieger seuls dans les institutions ?. Nous lisons des papiers ou certains demandent le retrait des elus des partis d’oppositions, encore faudrait il penser que les partis du pouvoir sont pres a sieger a 100 % dans ces institutions !. Helas cette vision ressemble etrangement a ce que desire le pouvoir, c’ est a dire reduire a neant le role de l’opposition et mettre toutes les institutions sous sa main.
    Du coup, la question qui se pose est la suivante: malgres la faiblesse de l’opposition , faudrait il renoncer au combat ?. En quoi le retrait des elus de l’opposition ferait il avancer le combat democratique ?.
    On s’en souvient comment les lois scelerates de la majorite presidentielle ont ete denoncees par l’ensemble des elus de l’opposition qui siegeait , malgre leur passage en force.
    Toujours est il que la desertion des institutions par l’opposition, risque d’hypothequer toute chance au changement, pire encore, cette situation laisserait la place libre aux aventuriers de tout bords. Ce qui pourrait nous faire revivre les moments atroces vecus par l’ensemble du peuple Algerien. Il faudrait eloigner a tout prix ce spectre desastreux.
    La participation de tous reste une necessite pour un changement pacifique et ordonne. Ce pour lequel appelle , tant, le FFS avec un consensus national.

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