Quelles sont les leçons du 4 mai ?
Par Kamel Moulfi – Les consultations autour de la formation du prochain gouvernement et les commentaires qui les accompagnent contribuent à entretenir dans l’opinion publique, au lieu de la faire oublier, la mauvaise impression laissée par le scrutin du 4 mai tout en alimentant la diversité des interprétations concernant la très forte abstention. Le débat porte plus sur les chiffres de l’abstention et des bulletins nuls, que sur les scores réalisés par les partis. Si la pratique des sondages était développée en Algérie, on aurait pu estimer avant le jour des élections législatives le pourcentage de l’abstention, et après le 4 mai, avoir la palette des motivations avec leurs pourcentages respectifs et les catégories sociales qui s’y rattachent.
A défaut des instruments qui sont utilisés dans les pays développés pour analyser les comportements dans la société face à un événement politique comme les élections, il reste à consulter, dans les archives des médias, ce qui a été rapporté ou noté par les observateurs avant le 4 mai. On pourra constater que l’abstention a non seulement été prévu, mais qu’elle a été surtout expliquée, principalement, par l’impact du contexte social et économique qui est loin d’être propice à la mobilisation, comme l’a prouvé par la suite le faible attrait de la campagne électorale sur la population.
L’érosion continue du pouvoir d’achat et la dégradation du fonctionnement du service public, particulièrement dans la santé et l’éducation, ainsi que les risques sur l’emploi, sur fond de médiatisation à outrance des faits de corruption, dont ceux liés aux élections législatives elles-mêmes, ne sont pas de nature à encourager la grande masse des électeurs à aller au bureau de vote. La distribution de logements sociaux a sans doute légèrement atténué la tendance à l’abstention, de même que le risque sur la stabilité du pays brandi par le discours officiel. Mais aucun argument n’a eu l’effet escompté sur les électeurs, à savoir un vote massif. Il est important de savoir exactement pourquoi les Algériens ont été si nombreux, bien plus qu’habituellement, à ne pas voter. Car il y a des corrections à apporter si l’on veut éviter que cette masse prenne encore plus de poids.
K. M.
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