Corruption à la saoudienne
Par Ramdane Yacine – La levée de fonds pour la réalisation de projets inscrits soi-disant dans le registre de l’humanitaire ou de l’aide au développement des pays retardataires a toujours été synonyme de prévarication, dès lors que les intentions sont souvent mauvaises dans ce domaine. Quel que soit le prétexte derrière lequel se cachent les responsables de ces projets, leur fin est toujours d’exercer l’hégémonie sur le monde. Certains pays riches n’hésitent pas à graisser la patte aux puissances occidentales afin qu’elles les protègent contre la volonté de leur peuple. Les puissances occidentales s’en donnent à cœur joie, faisant fi de leurs principes de démocratie, en acceptant ces pots-de-vin déguisés.
Le geste de l’Arabie Saoudite, qui a consisté à promettre à Ivanka Trump, la fille et adjointe du président américain, un don de 100 millions de dollars pour le Women Entrepreneurs Fund, un fonds qu’elle prévoit de créer, fait partie de ce genre de corruption passive. Personne n’est dupe : le droit des femmes sont le cadet des soucis des Al-Saoud dans le royaume et ailleurs.
Ce fonds, dont Ivanka Trump a lancé l’idée, mais dont elle ne devait pas s’occuper du financement, sera géré par la Banque mondiale. Il est destiné à aider les femmes dans l’entreprenariat grâce à des financements venus des pays du G20, expliquait Bloomberg le mois dernier.
Aux Etats-Unis, ce don saoudo-émirati a fait grincer des dents. L’opinion publique américaine parle de potentiels conflits d’intérêts entourant Donald Trump et ses proches.
Tout le monde se rappelle que le futur président américain avait critiqué pendant de longs mois le mélange des genres de la Fondation Clinton, qui levait des fonds à travers le monde grâce aux réseaux développés par Bill et Hillary Clinton. Pendant la campagne électorale, le candidat Trump avait dénoncé publiquement les dons faits par la même Arabie Saoudite à Hilary Clinton : «L’Arabie Saoudite et de nombreux autres pays qui ont donné de grosses sommes d’argent à la Fondation Clinton veulent que les femmes soient des esclaves et tuer les homosexuels. Hillary doit rendre tout l’argent provenant de ces pays !»
Autre temps, autres mœurs. Au-delà de l’inconsistance des positions de Donald Trump, dont les Américains s’exaspèrent de jour en jour, c’est l’attitude des monarchies du Golfe qui est le plus à plaindre. En dépit des richesses colossales qu’elles recèlent – 40% des réserves mondiales de pétrole sont dans cette région –, elles quémandent la protection américaine, alors qu’elles ont des réserves suffisantes pour acheter des pans entiers de l’Amérique.
R. Y.
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