Crise malienne : Paris change de ton à l’égard d’Alger
Ayant visiblement compris qu’elle avait commis un impair en tenant l’Algérie pour responsable du retard pris par l’application de l’Accord intermalien signé à Alger en 2015, la France s’est sentie obligée de rectifier d’elle-même le tir. Le nouveau gouvernement français a admis publiquement que sans l’Algérie, le Mali aurait été certainement rayé de la carte. Sans le concours des autorités algériennes, les opérations Serval et Barkhane lancées pour tenter de chasser les terroristes du nord du Mali auraient probablement piétiné sur le terrain.
Le porte-parole du Quai d’Orsay, Romain Nadal, a même reconnu que l’Algérie était un acteur «essentiel» pour la sécurité du Sahel et du Mali en particulier. Dans un point de presse animé lundi, M. Nadal a insisté également sur l’idée que la coopération de la France avec l’Algérie est «capitale» pour la mise en œuvre de l’Accord intermalien, en particulier dans le cadre du comité de suivi présidé par l’Algérie et dont la France est un membre actif. «C’est sous l’égide de l’Algérie que l’accord pour la paix et la réconciliation a pu être signé en 2015», a-t-il rappelé.
Soulignant que «cette feuille de route est essentielle et doit permettre le retour d’une paix durable au Mali», le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a précisé que «cela a été indiqué par le président de la République et le ministre lors de leur visite à Gao, nous devons accentuer nos efforts communs pour y parvenir. Il nous faut également intensifier notre coopération pour lutter contre le terrorisme, notamment en soutien aux efforts du G5 Sahel».
A rappeler que lors de sa visite-éclair à Gao vendredi 19 mai, au cours de laquelle il a rencontré le président Ibrahim Boubacar Keïta et les forces françaises Barkhane, Emmanuel Macron avait réaffirmé l’engagement de la France dans la lutte antiterroriste. Mais le président français a également pressé son homologue malien et l’Algérie, médiatrice dans la crise malienne, d’accélérer la mise en œuvre de l’Accord de paix et de s’engager pleinement dans la lutte antiterroriste. «J’aurais une exigence renforcée à l’égard des Etats du Sahel et de l’Algérie», a-t-il déclaré, avant de souligner qu’«on ne peut pas manifester quelque faiblesse que ce soit à l’égard de groupements terroristes, quelles que soient les raisons politiques domestiques», sans plus de précision.
Sadek Sahraoui
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