Les émeutes enflent à Tataouine : Essebsi craint une tentative de coup d’Etat
La situation sociale ne cesse de se dégrader dans le sud de la Tunisie, où les contestations sociales paralysent plusieurs localités depuis plusieurs jours, en particulier la ville de Tataouine. La tension est montée d’un cran lorsque le président Béji Caïd Essebsi avait solennellement demandé, le 10 mai, aux militaires de protéger les sites de production d’éventuels blocages. Malgré cela, la circulation des camions vers les champs pétroliers et gaziers de Tataouine a été entravée.
Face à la crainte de dérapages et d’un embrasement général, les autorités tunisiennes tirent à nouveau la sonnette d’alarme. Les protestations ont fait déjà un mort et plusieurs blessés. Une cinquantaine de personnes ont également été hospitalisées pour asphyxie aux gaz lacrymogènes ou pour des fractures lors des heurts entre manifestants et forces de l’ordre à El-Kamour et Tataouine. Dans le centre de Tunis, deux manifestations ont été organisées en soutien aux contestataires du sud. Les participants ont notamment repris à leur compte le slogan phare des habitants de Tataouine : «On ne lâche rien !».
En dépit de bilan, des appels à la poursuite des manifestations se multiplient sur les réseaux sociaux. Le gouvernement tunisien y voit une tentative de déstabilisation de la Tunisie et la volonté de certaines parties de renverser le président Béji Caïd Essebsi. «Il y a de l’incitation sur les réseaux sociaux (…), des appels à la désobéissance civile (…) et même au coup d’Etat, dernièrement», a affirmé lundi soir le porte-parole de la Garde nationale, Khalifa Chibani, sur la radio privée Mosaïque FM. «Seuls les contrebandiers et les terroristes peuvent profiter de cette situation de vide», a-t-il jugé.
Le ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi, Imed Hammami, chargé des négociations sur le dossier de Tataouine, avait auparavant accusé – sans les nommer – «des candidats à la présidence et des partis en faillite» d’être derrière ces évènements. «Il y a un petit groupe parmi (les protestataires) dont le but n’est ni l’emploi ni le développement, mais (…) de brûler Tataouine», a-t-il déploré. Leur «agenda, c’est que la Tunisie ne se stabilise pas, qu’on ne fasse pas d’élections municipales (prévues en décembre, ndlr), qu’on n’aille pas de l’avant». Le gouverneur de Tataouine, Mohamed Ali Barhoumi, a évoqué, pour sa part, «un dangereux complot».
Sadek Sahraoui
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