Un million d’euros pour le tableau d’un Marocain : Lang «détourne» l’argent de l’IMA
Quand il reçoit dans son bureau de l’Institut du monde arabe (IMA) qu’il préside, Jack Lang est visiblement fier de présenter le tableau qu’il y a fait accrocher dès son arrivée en 2013, œuvre du Marocain Ahmed Cherkaoui, coté plus d’un million d’euros, nous apprend le magazine françaisCapital. Avec quel argent a-t-il fait cette acquisition ? Est-ce avec l‘argent des cotisations que règlent les 21 Etats membres de la Ligue arabe qui contrôlent cette institution de droit privé, en parité avec la France ? Dans ce cas, comment expliquer ce cadeau fait aux Marocains autrement que par le rôle de lobbyiste du Makhzen que remplit Jack Lang ?
Le président de l’IMA se plaignait, en 2015, dans un entretien au magazine français Paris Match de ce que les pays arabes ne payent pas leurs cotisations. Heureusement ! Si c’est pour acheter des tableaux par complaisance envers les Marocains, il vaut mieux que les pays arabes cessent de cotiser, à commencer par l’Algérie qui devrait se retirer de cette mascarade vitrine du Makhzen en France.
Dans tous les cas, Jack Lang a lui-même reconnu implicitement ne pas chercher à faire cotiser les pays arabes. Il se contente notamment, a-t-il également avoué, du parrainage d’expositions par le roi du Maroc, ce qui lui permet, en fait, de favoriser, en les justifiant, les activités de propagande du Makhzen.
Tout dernièrement, plus royaliste que le roi, Jack Lang a osé une véritable ingérence dans les affaires d’Emmanuel Macron. En effet, le président de l’IMA a qualifié d‘«inacceptable, inadmissible et inconcevable», l’investiture par La République en marche de Leïla Aïchi – une sénatrice franco-algérienne présentée comme pro-Front Polisario – dans la 9e circonscription des Français de l’étranger pour les élections législatives françaises.
Nommé par François Hollande en 2013 à ce poste très lucratif, Jack Lang sera-t-il maintenu à la tête de l’IMA par le nouveau président Emmanuel Macron qui semble avoir une vision novatrice et surtout plus sérieuse de la pratique politique et de l’exercice présidentiel ? Il a toutes les raisons pour mettre fin à une gestion tendancieuse de l’IMA qui, en plus, coûte cher, en premier lieu au contribuable français qui, indirectement, paie pour des opérations de promotion de l’image du Maroc.
En effet, le financement de l’IMA vient principalement du budget du ministère français des Affaires étrangères. Certes, en contrepartie, en plus de dédier l’IMA au service quasi-exclusif du Makhzen, Jack Lang l’a également carrément transformé en officine-annexe du Quai d’Orsay. En décembre dernier, il a cautionné un rassemblement des fonctionnaires de l’IMA en signe de «solidarité avec Alep» au cours duquel des slogans hostiles à Bachar Al-Assad et à Poutine ont été scandés (voir AP du 18 décembre 2016).
En outre, comme le soulignent les observateurs qui ont une bonne connaissance du fonctionnement de l’IMA, «la fréquentation ne décolle pas». Des expositions n’attirent pas grand monde, comme si elles étaient confidentielles. C’est le cas flagrant de l’une d’entre elles, consacrée au Maroc. Et, surtout, l’IMA ne figure pas dans le top 20 des lieux culturels parisiens comme si cet institut, censé avoir une vocation de rayonnement, n’existait pas du tout. Et là aussi, c’est le contribuable français qui éponge le déficit.
Houari Achouri
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