Un Ramadhan de rupture ?
Par Kamel Moulfi – Tout le monde a vite fait de noter, dès le premier jour, que, contrairement au diktat imposé, sans véritable raison économique, par le «marché» aux consommateurs algériens durant le mois de Ramadhan, cette année, les prix des produits alimentaires les plus utilisés pour les plats du f’tour, non seulement n’ont pas connu d’augmentation, mais ont même amorcé en certains endroits une baisse suffisamment sensible pour interpeller économistes et sociologues sur ce comportement surprenant des commerçants. Car il s’agit d’un phénomène à la fois économique et sociologique qui mérite d’être analysé sérieusement, pour ne pas en rester à des explications empiriques.
Certains observateurs pensent que la concomitance entre le début du Ramadhan et les opérations liées à l’acquisition des logements AADL et autres formules a obligé les consommateurs à abandonner leur frénésie des achats de produits destinés à satisfaire la boulimie subite qui s’empare d’eux spécialement pendant ce mois sacré. Les souscripteurs au programme de 2013, AADL2, qui ont choisi leurs sites, pourraient le confirmer, eux qui ont commencé hier à verser la deuxième tranche du montant global de leur logement (voir article AP).
Les campagnes de sensibilisation pour une consommation «responsable», qui évite à la fois le gaspillage alimentaire et les risques sanitaires, y sont certainement aussi pour quelque chose. Bref, la demande aurait donc baissé, alors que l’offre serait en hausse, selon les principaux acteurs des marchés de gros, qui parlent d’une production agricole exceptionnelle. Pour la première fois, les règles du jeu de l’offre et de la demande auront été respectées pendant le Ramadhan. Quelle est la part de l’intervention des pouvoirs publics, qui ont tout récemment déclaré la guerre aux spéculateurs et auraient donc gagné une première manche ? Il faut noter que les marchés de la solidarité organisés par l’UGTA n’ont été lancés qu’aujourd’hui, au quatrième jour de Ramadhan (voir article AP).
En fait, tout étonne dans l’évolution du commerce intérieur, ces jours-ci. Il faut souhaiter que cette rupture avec la flambée des prix, qui précédait généralement de quelques jours le Ramadhan, pour s’installer durant tout le mois, soit définitive.
K. M.
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