Riyad et Doha se livrent une guerre médiatique : vers l’implosion du CCG ?
Le ton monte entre médias saoudiens et qataris, sur fond de crise politique larvée entre les deux alliés. Après avoir diffusé et vilipendé une déclaration jugée «révisionniste» de l’émir du Qatar, le principal canal de propagande saoudienne, Al-Arabia revient à la charge en accusant l’Emirat voisin de promouvoir une politique médiatique hostile aux intérêts des autres pays du Golfe et de l’Egypte et visant à semer la division et la discorde dans la région.
Dans un article incendiaire, le site de la chaîne saoudienne basée aux Emirats arabes unis reproche au gouvernement de Doha d’avoir mobilisé tout un arsenal médiatique confié à Azmy Béchara, membre du Knesset et conseiller attiré de la famille régnante des Al-Thani. Une vérité connue depuis plusieurs années mais occultée par tous les médias arabes dominants, y compris les médias pro-saoudiens qui étaient du même bord qu’Al-Jazeera et autres instruments de la subversion islamiste dès le début des insurrections arabes en 2011.
Al-Arabia cite, entre autres, outils de propagande qataris la chaîne Al-Arabi Al-Jadid et un quotidien portant le même nom paraissant à Londres et diffusé partout dans le monde, et aussi des sites comme Huffington Post (version arabe). Ces médias sont accusés d’accointances avec la confrérie des Frères musulmans et de soutien aux mouvements islamistes dans le monde arabe. Une autre évidence, puisque même Al-Arabia et les autres chaînes et organes de presse saoudiens continuent à ce jour à promouvoir l’islamisme politique et les mouvements salafistes les plus nihilistes, à l’image de ceux qui sèment actuellement le chaos en Syrie, en Irak ou au Yémen.
Né pendant la destitution de l’ex-président égyptien Mohamed Morsi, protégé des Qataris, ce schisme entre Ryad et Doha a été longtemps contenu, au moment où il fallait faire front contre Damas et ses alliés qui commençaient à reprendre l’initiative dans la guerre contre les groupes terroristes financés et armés en grande partie par Ryad et Doha.
Le Qatar avait alors accepté de jouer les seconds rôles, laissant l’Arabie Saoudite conduire, pour le compte du Conseil de coopération des pays du Golfe, la contre-offensive avec ses alliés turcs et occidentaux. C’est la visite «historique» effectuée par le président américain, Donald Truùmp, à Ryad pour le sommet Etats-Unis-monde musulman, le 21 mai dernier, qui a accéléré la décantation. La caution renouvelée de Trump à l’Arabie Saoudite aura laissé des frustrations qui semblaient difficiles à surmonter.
R. Mahmoudi
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