Des écrivains dénoncent l’humiliation subie par Boudjedra sur une chaîne privée
Des écrivains, artistes et journalistes algériens ont signé une pétition dénonçant l’humiliation subie par Rachid Boudjedra lors d’une émission télévisée. Ils réclament l’ouverture d’une enquête et l’interdiction de ce genre de programmes «exécrables» qui exposent les citoyens à des vexations insupportables. La chaîne privée, qui multiplie les dérapages, vient de franchir toutes les limites morales, en prouvant une nouvelle fois l’extrême nocivité des produits de ces télévisions, et illustre la passivité injustifiable des pouvoirs publics, et notamment de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel, censée surveiller et sanctionner ces glissements dangereux.
Dans une caméra cachée de très mauvais goût, diffusée mercredi soir, l’écrivain de renom Rachid Boudjedra a subi une indescriptible humiliation, accomplie dans une allégresse nauséabonde par des animateurs irresponsables et n’ayant pas une once d’éthique du métier qu’ils exercent. A 78 ans, Boudjedra était au départ décontracté et semblait prêt à répondre aux questions les plus impertinentes, y compris sur sa religiosité «controversée», mais les choses ont vite tourné au vinaigre, lorsqu’un faux agent de sécurité fait irruption dans le studio pour demander ses «papiers» à l’écrivain, qui s’y soumet pourtant avec respect et sérénité. Le plus dramatique dans la séquence est lorsque le faux agent accuse Boudjedra d’athéisme et d’«intelligence avec l’étranger». Une accusation reçue comme une insulte pour ce patriote invétéré qui, à 17 ans, a pris les armes contre l’armée coloniale.
D’autres personnes, complices de ce jeu sordide, interviennent ensuite pour accabler l’écrivain de questions tout aussi humiliantes que débilitantes sur son supposé athéisme, jusqu’à le faire sortir de ses gonds et le pousser à prononcer des mots durs, indigne de son rang et de son âge, l’exposant ainsi à la vindicte du public.
La responsabilité est partagée par la direction de cette chaîne qui n’est pas à son premier impair, le ministère de la Communication et l’Arav, qui laissent impunis des bavures aussi grotesques qui portent atteinte à l’honneur et parfois à l’intégrité des personnes. Comme c’est le cas de cette émission diffusée ces derniers jours sur une autre chaîne privée, où l’invité d’une de ses émissions-spectacles a eu un malaise lors d’une scène conçue pour effrayer les invités piégés.
R. Mahmoudi
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