Emmanuel Macron face à la corruption politique
Les premiers jours d’Emmanuel Macron à l’Elysée tournent au cauchemar. Après les couacs des investitures de candidats de la République en marche – certaines ont été obtenues grâce aux calculs d’appareils, d’autres, à l’opposé, ont été retirées sous la pression de lobbies –, ce sont certains de ses ministres, des proches du chef de l’Etat et du garde des Sceaux, qui sont rattrapés par des révélations en rapport avec leurs activités antérieures.
Jusqu’ici insoupçonnés, Richard Ferrand et Marielle de Sarnez, il y a peu hérauts de la morale et de la probité, seraient, en effet, impliqués dans des affaires présumées respectivement de «favoritisme» et d’«emplois fictifs». Le parquet de Brest vient d’ouvrir une enquête préliminaire sur le délit de «favoritisme» dont se serait rendu coupable le ministre de la Cohésion des territoires. Marielle de Sarnez, quant à elle, est visée par la justice sur des soupçons d’emplois fictifs visant des assistants d’eurodéputés, dont une ex-collaboratrice de la ministre des Affaires européennes.
Ces actions judiciaires interviennent au moment où François Bayrou devrait s’exprimer sur le texte législatif portant sur la moralisation de la vie publique qui devrait être présenté le 14 juin, soit après le premier tour des législatives.
Révélés au grand jour à l’occasion de la présidentielle et des législatives en cours, les scandales de corruption politique sous tous leurs aspects n’en finissent pas de secouer l’échiquier politique français. Après François Fillon, le candidat de la droite, Bruno Le Roux, l’ex-ministre de l’Intérieur, ou encore Marine Le Pen, la candidate du Front national, c’est donc au tour de certains ministres, des proches d’Emmanuel Macron et de François Bayrou, d’en faire les frais et d’être dans le viseur de la justice.
Alors qu’Emmanuel Macron s’applique justement à façonner sa stature et à donner l’image d’un homme à poigne à l’échelle internationale – allant jusqu’à distribuer urbi et orbi des mises en garde sur le continent africain à l’adresse de pays auprès desquels il sera amené, tôt ou tard, à solliciter de l’aide pour résoudre nombre d’équations –, au moment où la France doit précisément s’interroger sur sa responsabilité directe ou indirecte sur nombre de guerres qui ravagent des pays entiers, des choix – et des legs des bilans désastreux – de ses prédécesseurs, voilà que son début de mandat est empoisonné par le passé de certains de ses ministres dont la position est intenable, selon les adversaires au locataire de l’Elysée.
Avant que la justice s’autosaisisse, Emmanuel Macron a considéré qu’«il n’y a pas d’affaire Ferrand». Après que le parquet de Brest a ouvert, mercredi 31 mai, une enquête sur l’un des premiers «marcheurs», Richard Ferrand, le nouveau président s’est muré dans le silence. Bizarrement, ni lui ni son ministre des Affaires étrangères n’ont soufflé mot sur les événements qui secouent le Rif marocain, une région en quasi état de siège après l’arrestation du leader du mouvement de protestation Hirak, Nasser Zefzafi. Et c’est la résurgence des pratiques à l’ancienne qui prend le pas sur le changement des usages dont Emmanuel Macron s’est toujours dit porteur.
De Paris, Mrizek Sahraoui
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