L’Italie continuera d’acheter du gaz algérien
L’Italie continuera d’acheter du gaz à l’Algérie. L’ambassadeur d’Italie en Algérie, Pasquale Ferrara, l’a affirmé à notre confrère arabophone Ech Chourouk. Il fait savoir que les contrats gaziers à long terme entre ENI et Sonatrach, qui prendront fin en 2019, seront renégociés. Il n’y a pas de raison, selon lui, pour que ce partenariat ne se poursuive pas. Il cite comme références symboliques de la position clé de l’Algérie dans les relations avec l’Italie, le fait que la société italienne ENI a tenu son conseil d’administration à Hassi Messaoud. Il ajoute que l’intérêt d’ENI ne se limite pas aux secteurs pétrolier et gazier, mais s’étend également à l’énergie solaire, au secteur de la pétrochimie et à l’exploration pétrolière offshore sur la côte algérienne. Quant au projet de gazoduc Galsi, il est en stand-by, selon lui. L’ambassadeur minimise l’impact de l’affaire Saipem ; c’est la seule affaire de corruption, dit-il. Il ne veut pas en dire plus pour ne pas interférer avec le travail de la justice. Il affirme que cette affaire n’a pas d’impact sur les activités des autres sociétés italiennes en Algérie.
Les relations entre les deux pays sont au beau fixe. C’est le constat de l’ambassadeur, qui signale que l’Italie est devenue le premier partenaire économique de l’Algérie : premier importateur et troisième fournisseur. Il fait remarquer que le volume des échanges au cours de l’année 2016 a dépassé 9 milliards de dollars. Il note que si le partenariat traditionnellement dans le secteur du gaz s’est étendu maintenant au secteur des grandes installations industrielles et de l’équipement. L’Italie s’adapte au nouveau modèle économique adopté par l’Algérie. Le partenariat ne sera pas seulement commercial, mais va prendre une dimension industrielle à travers l’investissement dans la production locale. Pasquale Ferrara cite les opportunités multiples qui existent dans les énergies renouvelables, les industries alimentaires et le tourisme. A propos de la place de l’Italie dans l’industrie automobile, il fait savoir que Fiat Chrysler est venue en mission exploratoire pour identifier les secteurs qui peuvent établir un partenariat avec elle. Il rappelle, pour montrer que l’Italie n’est pas totalement absente dans ce créneau, qu’il y a une entreprise dans la production de tracteurs à Boumerdès et une pour les camions à Bouira.
La coopération militaire algéro-italienne a également été évoquée par l’ambassadeur dans un son entretien accordé à Ech Chourouk. Il a rappelé qu’un accord de partenariat industriel et commercial a été conclu par le ministère de la Défense nationale avec le groupe italien Leonardo-Finmeccanica (SPA-Italie) pour la création d’une société commune dédiée à la production d’hélicoptères à Sétif. Il ne s’agit pas, précise l’ambassadeur, d’exportation à partir de l’Italie, mais de production localement d’une centaine d’hélicoptères qui serviront notamment à la surveillance des frontières et du territoire. L’ambassadeur a également cité un accord-cadre pour des activités communes périodiques et un protocole d’accord dans le domaine de la formation destinée aux forces armées. A propos de la coopération en matière de lutte antiterroriste, il signale qu’elle est excellente, notamment dans le domaine de la prévention, surtout dans le contexte complexe en Méditerranée et au Sahel.
Sur la situation en Libye, il se dit admiratif du rôle joué par l’Algérie, en particulier les étapes successives franchies par le ministre Messahel pour communiquer avec toutes les parties libyennes (en allusion à la réunion des pays voisins). L’Italie, dit-il, partage avec l’Algérie le principe de base, selon lequel il n’y a pas de solution militaire, mais il y a une solution politique qui passe par le dialogue entre les parties libyennes, sous les auspices des Nations unies, et non imposée de l’extérieur. Il reconnaît implicitement qu’il y a eu des erreurs commises dans l’intervention de l’Otan en Libye, mais estime qu’il ne sert à rien de s’appesantir sur le passé.
Sur l’immigration clandestine en provenance de notre pays, il pense que l’axe Annaba-Sardaigne est négligeable. Un peu plus de 1 200 Algériens, note-t-il, sont arrivés en Italie en 2016 par cet axe, à comparer aux 180 000 depuis la Libye. C’est la preuve, dit-il, que la surveillance des eaux territoriales algériennes est très efficace. Toujours dans le chapitre humain, il fait savoir que la communauté algérienne enregistrée en Italie, estimée à 28 000 personnes, est bien intégrée. A propos des visas, enfin, il affirme qu’il y a un désir d’introduire plus de transparence dans le traitement des dossiers, tout en respectant les lois en vigueur. Par ailleurs, il note avec satisfaction la progression de l’enseignement de la langue italienne en Algérie.
Houari Achouri
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