Caméra cachée : l’Arav piégée
Par Karim Bouali – C’est à un communiqué décevant qu’ont eu droit les intellectuels qui se sont déplacés nombreux au siège de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (Arav) pour dénoncer le niveau bas, jamais atteint par certains médias audiovisuels en Algérie, depuis l’ouverture anarchique de ce secteur au lendemain de la grave crise qui avait opposé l’Algérie à l’Egypte après l’agression de l’équipe nationale de football au Caire. Face aux insultes subies par les Algériens à travers les télévisions égyptiennes pléthoriques, des responsables de journaux – pour exorciser la frustration des Algériens née de cette guerre médiatique inégale – décidèrent de se lancer dans l’aventure sans aucune expérience préalable. L’affaire Boudjedra, qui s’est produite malgré les nombreuses alertes d’internautes, d’intellectuels et de responsables politiques, prouve que la limite de la morale et de la déontologie a été franchie depuis, et que rien ne va plus dans le secteur de la communication livré aux amateurs.
«Le Conseil de l’Autorité de régulation s’est réuni et a condamné ces comportements contraires aux règles de l’éthique et a apporté son entier soutien au grand écrivain et homme de lettres Rachid Boudjedra», lit-on dans le communiqué de cette instance qui signifie, en fait, qu’elle n’a aucune autorité qui lui permette de sévir dans ce genre de situations inexcusables. «Il y a lieu de rappeler que l’Arav a mis en garde, la veille de Ramadhan, les chaînes de télévision d’éviter ce genre de pratiques et de respecter les citoyens avant tout», ajoute le communiqué, dans un aveu à peine voilé d’impuissance totale. «Elle (l’Arav, ndlr) rappelle aujourd’hui la nécessité d’éviter la diffamation, l’insulte et la violence, sous toutes leurs formes, dans les programmes des caméras cachées ; faute de quoi, la loi de la République leur sera appliquée». Est-ce à dire que toutes ces émissions vulgaires imposées aux familles algériennes seront interdites à partir d’aujourd’hui ? Rien n’est moins sûr.
Enième bluff d’une institution qui n’a plus sa raison d’être et qui vient de prouver qu’à l’instar de son homologue de la Poste et des télécommunications, l’ARPT, elle ne sert qu’à légitimer les dépassements et à couvrir les défaillances flagrantes des ministères de tutelle, incapables, jusque-là, de faire appliquer la loi, voire complices – comme dans le cas du ministère de la Poste et des TIC – de la violation de celle-ci.
K. B.
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