Boualem M’rakech : «Le règne de la médiocrité s’impose»
Le président de la Confédération algérienne du patronat (CAP), Boualem M’rakech, a indiqué aujourd’hui que la solution pour sortir l’Algérie de la crise qu’elle traverse est de remettre tout en cause et d’en finir avec la médiocrité qui, a-t-il dit, a pris de la place aujourd’hui en Algérie.
Lors de son passage à l’émission «L’Invité de la rédaction» de la Chaîne III de la Radio algérienne, pour s’exprimer sur la rencontre qu’il avait eue la veille avec le ministre de l’Industrie et des Mines, Mahdjoub Bedda, le président de la CAP a estimé que les solutions pour sortir le pays de la crise économique existent et qu’il n’est pas nécessaire de les reformuler. Boualem M’rakech a indiqué, au passage, que les propositions de sortie de crise sont toujours ressassées à l’occasion des rencontres tripartites gouvernement-patronat-UGTA dont la dernière s’est tenue à Annaba.
Invité à expliquer les raisons de la non-concrétisation sur le terrain des décisions prises pour sortir le pays de la crise, sachant que le secteur de l’industrie ne représente que 5% du PIB et est constitué de très petites entreprises (TPE), le représentant du patronat dira que le problème n’est pas dans le nombre des entreprises ou dans leur taille. «Il faut remettre tout en cause», a-t-il dit, avant d’ajouter qu’«il y a eu des décisions de revaloriser la production nationale et elles ont eu des retombées négatives : excusez-moi, mais ce n’est pas normal !» Et d’ajouter que «le règne de la médiocrité s’impose, il y a une mafia politico-financière ou appelez-la comme vous voulez qui, à chaque fois qu’il y a des avancées, intervient pour provoquer un recul».
En outre, Boualem M’rakech a pointé la bureaucratie comme principale source de blocage. Pour étayer ses propos, le patron issu du secteur du bâtiment cite le cas du blocage du paiement des entreprises réalisatrices, ajoutant que le ministre du secteur n’avait rien pu faire pour empêcher ce blocage. «Il faut arrêter ces sortes de marchandages même si ce n’est pas dit clairement», a-t-il tonné.
En prévision de sa rencontre avec le ministre de l’Industrie et des Mines, le président de la CAP a élaboré deux documents dont l’un concerne la stratégie claire et visible de développement économique pour les quinze prochaines années et l’autre le développement durable et l’énergie. La première étude – réalisée avec des experts algériens, allemands et français – touche tous les domaines, y compris l’éducation nationale, précise Boualem M’rakech. Résumant le contenu de ces deux documents, le représentant patronal dira, par exemple, que l’Algérie consomme beaucoup plus d’énergie que les pays développés, ajoutant que pour ce qui est de la question des subventions des produits de large consommation ou dits sensibles, «c’est l’alarme. Nous atteignons aujourd’hui plus de 25 milliards de dollars en subventions, c’est effarant !» Et de préciser qu’il ne s’agit pas des subventions destinées aux couches défavorisées, pour lesquelles un mécanisme de soutien doit être mis en place, mais qu’il vise les subventions qui vont à ceux qui n’en ont pas besoin.
Boualem M’rakech a indiqué que la CAP n’est pas pour l’ultralibéralisme mais pour le juste équilibre. Et d’ajouter que le rang actuel de l’Algérie à l’échelle internationale n’est pas le sien compte tenu de ses capacités. Il a déclaré que lors de la rencontre d’hier avec le ministre de l’Industrie il a été dit clairement que «le problème n‘est pas économique mais politique».
L’invité de la Chaîne III a reconnu que le nouveau modèle de développement économique annoncé pour sortir l’économie nationale de la dépendance vis-à-vis de la rente pétrolière est «très bon», mais «quels sont les moyens pour sa mise en œuvre», s’est-il interrogé. «La feuille de route que nous nous sommes tracé n’atteint pas sa mise à exécution» avoue Marrakech, précisant qu’il y a des difficultés «à une échelle plus grande».
Ramdane Yacine
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