L’Arabie Saoudite, les Emirats, le Bahreïn et l’Egypte rompent avec le Qatar
L’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, le Bahreïn et l’Egypte ont annoncé qu’ils rompaient leurs relations diplomatiques avec le Qatar. Ces pays accusent le Qatar d’attenter à leur sécurité intérieure en soutenant des groupes terroristes. Suite à cette rupture des relations, l’Arabie Saoudite et le Bahreïn ont annoncé également la suspension de toutes les liaisons terrestres, aériennes et maritimes avec le Qatar.
L’agence saoudienne, qui cite un responsable du royaume, précise que la décision de Riyad est justifiée par la nécessité de protéger «la sécurité nationale des dangers du terrorisme et de l’extrémisme». La coalition militaire arabe, intervenant au Yémen sous commandement saoudien, a également annoncé l’exclusion du Qatar.
Cette rupture entre Riyad et Doha était dans l’air depuis la survenance des événements en Egypte qui ont conduit au renversement du régime de Hosni Moubarak. Les Frères musulmans prirent le pouvoir grâce à l’appui du Qatar avant que l’armée ne décide de prendre le pouvoir par la force, avec le soutien ouvert de l’Arabie Saoudite et des Emirats arabes unis. Il n’est donc pas étonnant que l’Egypte se joigne aux trois pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) pour annoncer la rupture de ses relations avec l’Emirat du Qatar.
Le ton était monté, il y a quelques jours déjà, entre les médias saoudiens et qataris, sur fond de crise politique larvée entre les deux alliés. Après avoir diffusé et vilipendé une déclaration jugée «révisionniste» de l’émir du Qatar, le principal canal de propagande saoudienne, Al-Arabiya était revenue à la charge en accusant l’Emirat voisin de promouvoir une politique médiatique hostile aux intérêts des autres pays du Golfe et de l’Egypte et visant à semer la division et la discorde dans la région.
Dans un article incendiaire, le site de la chaîne saoudienne basée aux Emirats arabes unis reprochait au gouvernement de Doha d’avoir mobilisé tout un arsenal médiatique confié à Azmy Bechara, membre de la Knesset et conseiller attitré de la famille régnante des Al-Thani. Une vérité connue depuis plusieurs années mais occultée par tous les médias arabes dominants, y compris les médias pro-saoudiens qui étaient du même bord qu’Al-Jazeera et autres instruments de la subversion islamiste dès le début des insurrections arabes en 2011.
Al-Arabiya avait cité, entre autres outils de propagande qataris, la chaîne Al-Arabi Al-Jadid et un quotidien portant le même nom paraissant à Londres et diffusé partout dans le monde, et aussi des sites comme Huffington Post dans sa version arabe. Ces médias sont accusés d’accointances avec la confrérie des Frères musulmans et de soutien aux mouvements islamistes dans le monde arabe. Une autre évidence, puisque même Al-Arabiya et les autres chaînes et organes de presse saoudiens continuent à ce jour à promouvoir l’islamisme politique et les mouvements salafistes les plus nihilistes, à l’image de ceux qui sèment actuellement le chaos en Syrie, en Irak et au Yémen.
La visite «historique» effectuée par le président américain, Donald Trump, à Riyad pour le sommet Etats-Unis-monde musulman, le 21 mai dernier, a accéléré la décantation. La caution renouvelée de Trump à l’Arabie Saoudite aura laissé des frustrations qui semblaient difficiles à surmonter.
R. Mahmoudi
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