Les déclarations d’Aït Menguellet sur le directeur de la culture de Béjaïa suscitent la polémique
Les propos du grand chanteur kabyle Lounis Aït Menguellet sur le fait qu’il ne soit pas invité depuis un moment pour un gala à Béjaïa ont suscité une polémique sur les réseaux sociaux. Interrogé à la fin d’un gala qu’il a animé à la Maison de la culture de Tizi-Ouzou, Lounis Aït Menguellet n’a pas caché son mécontentement. «C’est un phénomène auquel je n’ai pas d’explication. Avant, on m’invitait régulièrement et j’y allais à la rencontre de mon public à Béjaïa. Apparemment, je ne suis pas en odeur de sainteté dans cette ville», a-t-il affirmé, faisant allusion au nouveau directeur de la culture, Djamel Ben Ahmed en l’occurrence.
Les réactions ont été nombreuses. Boubkeur Derguini, un ancien cadre au RCD, a défendu sur sa page Facebook le nouveau directeur de la culture, le qualifiant d’intègre, de compétent et d’irréprochable. Mais la réaction la plus vive est celle du député de Béjaïa, Braham Bennadji, qui qualifie les déclarations d’Aït Menguellet d’«attaques gratuites». «C’est la première fois que Béjaïa a un vrai directeur de wilaya de la culture, compétent, intègre, très porté sur la culture et quelqu’un qui connaît bien le secteur. Il est fraîchement installé et je suis sûr que Lounis ne l’a jamais connu», écrit-il sur son mur Facebook. Ce député s’est attaqué de manière virulente à Aït Menguellet.
«Attaquer dans la presse quelqu’un qu’on n’a jamais connu n’est pas digne d’un homme de la trempe de Lounis», ajoute M. Bennadji, qui ira jusqu’à suggérer qu’Aït Menguellet aurait été utilisé par le passé par «des cercles occultes que dérange l’actuel directeur de la culture de Béjaïa». Allusion certainement à la présence et aux applaudissements d’Aït Menguellet dans le premier meeting de campagne en 2009 du président Bouteflika à Tizi-Ouzou. Braham Bennadji dit «espérer que Lounis cherchera la vérité et demandera des excuses pour ce directeur militant et innocent».
La réaction du député de Béjaïa n’est pas passée inaperçue. Des internautes lui ont demandé de faire attention et à ne pas trop forcer le trait en s’attaquant à un grand artiste chéri par un large public qui dépasse la Kabylie. Djamel Ferdjallah, ancien cadre et ancien député RCD, a lui aussi réagi en affirmant d’emblée qu’«Aït Menguellet est une légende vivante de la chanson kabyle en particulier et du patrimoine culturel amazigh en général». M. Ferdjallah poursuit en précisant que «c’est son (Aït Menguellet) droit et un honneur pour Bougie qu’il exprime sa ferveur de se produire chez nous. Nous devons tout faire pour l’aider à cela».
Djamel Ferdjallah dit, néanmoins, qu’il comprenne que Braham Bennadji s’offusque qu’«Aït Menguellet évoque des entraves en renvoyant la question à la direction de la culture. Lui, le poète émérite, connaît parfaitement le sens des mots. En orientant la critique sur le directeur de la culture, non seulement il épargne les autorités supérieures, mais il expose injustement ce nouveau directeur à la vindicte populaire et au zèle de ses supérieurs». Djamel Ferdjellah témoigne lui aussi de la probité, de l’honnêteté et de la passion de Djamel Ben Ahmed pour la culture universelle, «pas celle de l’arabisme décadent». Cette polémique a suscité de nombreux commentaires des internautes, partagés entre un soutien du chanteur Aït Menguellet et la défense du directeur de la culture de Béjaïa qui a visiblement fait bonne impression chez les acteurs de la société civile locale.
Hani Abdi
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