Une désaffection porteuse d’espoir
Par FCDR(*) – Jamais des élections si politiques n’ont autant été désavouées par le corps électoral. C’est une désaffection massive qui frappe à la fois le pouvoir, ses clientèles et l’opposition. Il n’y a aucune entité qui échappe à cette expression de résistance passive. Le pays légal est largement coupé du pays réel, silencieusement et pacifiquement.
Le rejet du scrutin n’est aucunement le résultat d’une dépolitisation comme certains tentent de le faire entendre. Il traduit plutôt une conscience politique forte face à l’absurdité institutionnelle en vigueur où le droit est remplacé par la volonté de l’autocrate et où les pouvoirs exécutif, judiciaire et législatif ne sont ni séparés, ni équilibrés, ni indépendants.
Pour autant, le défi est de taille. Comment transformer ce rejet et ce refus d’élections factices destinées à pourvoir le Parlement maintenu dans le statu de chambre d’enregistrement à recycler un personnel politique pourtant impuissant et obsolète ?
Le travail à effectuer n’est pas dans ce concours sans issue, mais dans le travail de la société pour créer à moyen terme, les conditions de l’alternative. Les démocrates ont un rôle majeur à jouer pour être crédible. Il faut changer le socle institutionnel, les pratiques, renouveler les visages et formuler des regroupements ayant du sens. Les mésalliances autant que les parcours en solo ou les cloisonnements subjectifs ont contribué en partie au discrédit qui frappe aujourd’hui le politique.
Travailler au sein de la société civile, c’est aussi expérimenter d’autres formes de représentation. Partout dans le monde, y compris dans l’aire démocratique, cette question devient récurrente. Elle l’est davantage dans notre pays où les élections ne sont qu’une technique biaisée de légitimation de l’exercice du pouvoir.
L’heure est grave car nous constatons que les institutions risquent l’effondrement, et l’Etat avec elles. L’heure est grave.
Aujourd’hui, les bonnes volontés, conscientes du danger et porteuses d’espoir de changement, doivent entamer des discussions sérieuses pour travailler ensemble afin de transformer ce rejet massif en projet démocratique et social. Cette dynamique doit pouvoir submerger
Les règles sont simples dès lors que le boycott du système de légitimation est mis en branle. L’espoir est à portée de main si nous sommes déterminés à dépasser ce qui existe inutilement, et à rompre avec celles et ceux qui prônent le repli sur des territoires politique et géographique taillés de sorte à leur permettre d’assouvir leurs ambitions personnelles
Le changement viendra non pas dans le louvoiement mais dans la sortie de ce système qui, lui-même, ne sait plus où il se situe. Le vieillissement de son personnel politique est l’un des signes révélateurs de son autarcie et de son incapacité à écouter. Le cafouillage dans la formation du dernier gouvernement est un autre signe de la décomposition du pouvoir politique.
Une phase historique est terminée. Nous sommes dans l’entre-deux et de ce clair-obscur peut surgir un monstre. Alors, ouvrons un autre cycle pour le changement radical par le rassemblement citoyen.
Ahmed Badaoui, Hamid Ouazar, Moulay Idris Chentouf, Ramdhane Moula, Tarik Mira
(*) Forum des citoyens pour la IIe République
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