Wahhabites contre Frères musulmans
Par Sadek Sahraoui – La crise qui oppose le Qatar et le reste des membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG) n’est ni politique ni économique. Elle est avant tout religieuse. La crise actuelle n’est rien d’autre que la manifestation d’une lutte implacable qui oppose deux conceptions complètement différentes de l’islam. Il y a d’un côté le wahhabisme que les Saoudiens veulent imposer à tout le monde musulman et, de l’autre, l’islam prêché par les Frères musulmans et que soutiennent le Qatar et la Turquie.
Quand l’Arabie Saoudite et ses alliés du CCG accusent Doha de soutenir le terrorisme, ils ne font rien d’autre, en réalité, que reprocher au Qatar d’appuyer le «mauvais» courant. Au-delà, tout le monde sait aujourd’hui que presque tous les pays du Proche-Orient financent le terrorisme. Et l’Arabie Saoudite est vraiment mal placée pour faire la leçon de moral au Qatar.
Les Frères musulmans sont perçus par les wahhabites comme leur principal ennemi. Les Frères musulmans s’inscrivent dans la «modernité» en fondant des partis, des syndicats, des associations et en participant aux élections. Bref, il s’agit de toutes choses que les wahhabites rejettent résolument.
Les wahhabites, les Saoudiens par extension, ne veulent pas du modèle de société que prônent les Frères musulmans car il ne s’accommode par d’un régime de type monarchique et accepte le jeu des urnes. C’est la raison pour laquelle aussi Riyad ne ménage aucun effort pour freiner l’émergence de républiques islamiques bâties sur le modèle de la Turquie de l’AKP.
Comme le prouve le cas Morsi en Egypte, la monarchie saoudienne montre qu’elle peut même aller jusqu’à financer des coups d’Etat pour faire tomber des présidents estampillés Frères musulmans. En décidant aujourd’hui d’isoler Doha, les membres du CCG prouvent, si besoin est, qu’ils sont prêts à tout pour faire triompher le wahhabisme, courant religieux sur lequel repose la monarchie des Al-Saoud, quoi que cela leur en coûte.
S. S.
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