Rif marocain : la situation dégénère à Al-Hoceïma
Des affrontements ont éclaté ce jeudi, quelques heures avant la rupture du jeûne, entre des manifestants du mouvement Hirak Rif et des policiers dans la ville d’Al-Hoceïma, où les manifestations nocturnes quotidiennes se déroulaient jusque-là depuis une douzaine de jours dans un climat pacifique.
La situation y était toutefois plus tendue ces trois dernières nuits, alors que les policiers prenaient position au cœur de Sidi Abed pour empêcher les manifestants de s’y regrouper dans les rues. C’est ce qui, selon des observateurs, a mis le feu aux poudres. Une contestation sociale de grande ampleur secoue depuis sept mois cette région pauvre du nord-est du Maroc. Abandonnée depuis des décennies, la population du Rif réclame une répartition équitable des richesses du Maroc et des projets de développement.
Des dizaines de jeunes ont affronté à coups de pierres les forces antiémeutes, qui ont répliqué en faisant usage notamment de gaz lacrymogènes dans les ruelles du quartier Sidi Abed. Des groupes de jeunes s’y sont rassemblés par surprise vers 17h heure locale pour dénoncer l’arrestation par le Makhzen de leurs camarades. Ils ont été repoussés sans ménagement par les policiers vers un carrefour du quartier où plusieurs d’entre eux ont alors lancé des pierres sur les forces de l’ordre.
Au moins deux personnes ont été blessées. La police a procédé à plusieurs interpellations, indiquent des correspondants de médias occidentaux présents sur place. Les affrontements ont cessé près de deux heures plus tard, mais les protestataires ont promis de revenir manifester après la rupture du jeûne dans la soirée. La quasi totalité des meneurs du mouvement, dont Nasser Zefzafi, ont été arrêtés ces dix derniers jours et font face à de graves accusations de «crimes», notamment d’«atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat». Nous y reviendrons.
Sadek Sahraoui et agences
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