Qatar : la dernière mise en garde
Par R. Mahmoudi – Après la publication d’une liste de personnes et d’organisations pro-qataries accusées de soutien au terrorisme, l’étau commence à se resserrer sérieusement sur les dirigeants du Qatar qui n’ont plus d’autre choix que de se soumettre aux injonctions de leurs voisins arabes – plus déterminés que jamais – ou de se jeter, de guerre lasse, dans les bras du grand voisin perse. Les deux choix sont synonymes de suicide politique pour un pays qui s’est longtemps construit une image de leader régional qui lui a permis d’acheter tous ses partenaires, allant jusqu’à s’octroyer le luxe d’organiser une Coupe du monde de football – qui est d’ailleurs aujourd’hui hypothéquée.
S’il est difficile d’entrevoir l’issue de ce blocus contre le Qatar, dans le capharnaüm qui règne actuellement dans la région du Golfe, il est certain que l’Arabie Saoudite et ses alliés, appuyés par les Etats-Unis, ne vont pas faire machine arrière. Ils sont allés tellement loin qu’ils ne pourront plus s’accommoder d’un simple compromis, comme celui conclu en 2014 lorsque Doha avait accepté de céder son leadership du «printemps arabe» au profit de Riyad.
Comme dans un partage de rôles bien planifié, le président américain, Donald Trump, qui souffle le chaud et le froid depuis le début de la crise, vient de passer à la vitesse supérieure, en enjoignant aux dirigeants du Qatar de «cesser immédiatement» leur soutien au terrorisme. Faute de quoi, il envisagerait sans doute des mesures à la hauteur de la mise en garde qui sonne comme la dernière. Une menace qui nous rappelle les levées de boucliers de Georges W. Bush contre Saddam Husseïn ou celles de Nicolas Sarkozy contre Mouammar Kadhafi, avant de se décider à les éliminer.
Acculés, les officiels qataris se retrouvent, curieusement, à brandir les mêmes slogans nationalistes et souverainistes qui ont entraîné le désastre de l’Irak et de la Libye.
R. M.
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