Abstention record aux élections législatives françaises : Macron perd sa légitimité
Un chiffre : 50,2 %. C’est celui de l’estimation de l’abstention du scrutin législatif de ce 11 juin, le plus bas jamais enregistré depuis la fondation de la Ve République, en 1958, et avec une tendance qui croît crescendo depuis au moins 1993. Comme annoncé, le premier tour des élections législatives n’a pas drainé les grandes foules. Ils sont 49,8%, soit un électeur sur deux, à ne pas s’être déplacés à cette élection qui n’a pas vraiment intéressé, il faut bien le reconnaître. Les résultats de ce premier tour donnent donc une large majorité à la coalition La République en marche !-Modem, recueillant 32,6% des suffrages exprimés. Cela devrait logiquement se traduire par une moisson de 415 à 445 sièges – la majorité absolue étant de 289 députés –, puisqu’une quasi-totalité des candidats du mouvement de Macron est en situation de ballotage favorable.
L’autre enseignement de ce scrutin, et qui était prévisible, est que les partis de gouvernement, PS et LR, sortent littéralement laminés. C’est d’autant plus vrai que les résultats obtenus par le mouvement présidentiel dépassent largement ceux additionnés des socialistes et des républicains, qui enregistrent respectivement 9 et 20,9% de votants. Le Front national et la France insoumise obtiennent respectivement 13,1 et 11% des suffrages.
Même avec un tel écart dès le premier tour, il n’y a pas de quoi jubiler. Les réactions des porte-parole de La République en marche !, appelant à la retenue et à ne pas verser dans un triomphalisme béat, trahissent une frustration, conséquence du rejet par les Français de ces élections. A l’évidence, la forte abstention enregistrée et si, surtout, celle-ci se reproduit le 18 juin, n’est pas de nature à arranger la suite du quinquennat du nouveau président qui, lui, espérait une forte participation du fait de la dynamique indéniable en faveur de la République en marche !, née dans la foulée des élections présidentielles. Il n’en est rien.
Pour que l’enthousiasme suscité par sa victoire se convertisse en suffrages au soir du second tour et que les résultats du premier se confirment et donnent, ainsi, une réelle légitimité à la future Assemblée qui devrait, vraisemblablement porter les couleurs de la République en marche !, Emmanuel Macron se voit, désormais, contraint de revoir sa stratégie.
La posture du «planqué» que lui reproche nombre d’observateurs, ainsi que le manque d’implication dans la campagne dont il a fait preuve, s’attelant à forger sa stature internationale bien avant de régler les affaires internes, pourraient le priver de cette légitimité nécessaire pour mettre en œuvre son programme.
D’ailleurs, la première salve est venue dès l’annonce des résultats du côté du leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon.
De Paris, Mrizek Sahraoui
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