Emmanuel Macron est attendu sur la question sahraouie et la contestation rifaine
Deux dossiers qui devraient être inscrits à l’ordre du jour de la visite officielle du chef de l’Etat français au Maroc, prévue demain, mercredi, à l’aune desquels Emmanuel Macron sera jugé sur ses capacités à traiter les questions internationales, mais aussi à se distinguer de ses prédécesseurs à travers une nouvelle politique africaine de la France, avec une vision d’ensemble cohérente, intégrant les intérêts réciproques de chacun.
Un premier déplacement en Afrique du Nord qui intervient alors même que toute la région nord du royaume du Maroc vit au rythme d’un climat de tension sociale qui risque de déboucher sur un embrasement généralisé du pays et sur lequel néanmoins aucun officiel français ne s’est encore exprimé, tant et si bien que celui-ci devrait logiquement occuper les discussions entre le chef de l’Etat français et le roi du Maroc.
Emmanuel Macron sera attendu sur les revendications des Rifains, le problème du Sahara Occidental ainsi que sur les questions liées aux droits de l’Homme et les libertés en général, bafouées de façon récurrente par l’administration et les services de sécurité marocains.
Si, une fois aux commandes, Emmanuel Macron a recouru sur différents sujets aux combinaisons politiques et autres manœuvres habiles pour se sortir des situations délicates, à l’occasion de cette visite, il lui sera difficile de se dérober. En effet, faire l’impasse, comme cela a toujours été le cas, sur les agissements de la police marocaine, dont sont régulièrement victimes et les populations sahraouie et d’Al-Hoceïma, entamerait sérieusement la crédibilité du nouveau président français.
Victime, elle aussi, de la «macromania» et peu encline à commenter les nombreux couacs et les ratés de ce début de mandat du président Macron, la presse hexagonale devrait, cependant, saisir cette occasion inespérée pour rappeler à ce dernier ses engagements sur la base desquels (il) a été élu.
Pourtant, elle fut prompte à accuser le candidat Macron de s’être fourvoyé ou même de trahir la patrie pour avoir «décrété» à Alger, en février dernier, que «la colonisation est un crime contre l’humanité», avant d’aller quelques jours plus tard en meeting à Toulon s’en excuser auprès des nostalgiques de l’Algérie française. Cette même presse s’est toutefois tut quand le Président est resté mué sur lesdits événements tragiques que continuent de subir les sujets de «l’ami» le roi du Maroc qui sera donc (son) hôte les 14 et 15 juin et à l’adresse duquel le chef de l’Etat français, s’il venait à tenir ses promesses de campagne, devrait faire montre de fermeté et d’intransigeance sur le respect par sa majesté des droits fondamentaux des peuples marocain et sahraoui.
Des valeurs, visiblement, accessoires aux yeux du monarque chérifien, au regard du sort réservé aux prisonniers politiques de Gdeim Izik et de tous les militants politiques rifains qui croupissent dans les «succursales» de Tazmamart, que ne manqueraient pas de soulever les médias accompagnateurs. Logiquement !
Osons espérer que la vérité dut être dite… alors même qu’elle ferait mal au palais.
Ajoutons, par ailleurs, que ces médias ont observé un silence radio lorsque Emmanuel Macron a fait la petite voix s’agissant de la crise qui risque d’embraser le golfe Persique ou encore quand celui qui probablement détiendrait prochainement tous les leviers du pouvoir, n’a pas soufflé, là encore, le moindre mot ni même condamné les attentats meurtriers du 7 juin dernier, signés Daech, qui ont frappé Téhéran, faisant 17 morts et quelque 52 blessés. A moins qu’il ne faille condamner le terrorisme que lorsqu’il frappe l’Occident.
Si cette presse française bienveillante ne s’est pas trop attardée sur son échec diplomatique cuisant qui a vu le président américain se retirer de l’accord de Paris sur le climat, ni n’a trop relayé les bourdes et les loupés d’Emmanuel Macron de peur de jouer les rabat-joie, cette espèce de connivence, dont il faut bien admettre l’existence, n’a pas échappé aux électeurs, lesquels ont exprimé clairement leur réprobation de cette ambiance qui sonne faux, à travers leur message adressé le soir du premier tour des législatives. 51,29% d’entre eux ont boudé les urnes. Un geste qui pourrait, en effet, être interprété sinon comme un regret du choix effectué le 23 avril dernier, à tout le moins comme une incompréhension de ce que serait le mandat Macron.
De l’enfumage, prédisent ses détracteurs.
De Paris, Mrizek Sahraoui
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