Gdeim Izik : les avocates de la défense crient au scandale
Dans un communiqué rendu public ce matin, les avocates françaises des prisonniers politiques sahraouis de Gdeim Izik annoncent que le procès dit de Gdeim Izik, qui s’est tenu pendant six mois devant la cour d’appel de Rabat, «se clôturera cette semaine dans des conditions violant tous les standards internationaux des droits de la défense et du procès équitable, incluant l’expulsion violente de deux avocates françaises de la défense».
Pour rappel, les 23 accusés encourent la peine de mort. La cour d’appel de Rabat, avertissent-elles, s’apprête à condamner de nouveau les 23 prisonniers politiques de Gdeim Izik, «après avoir orchestré un simulacre de procès durant 6 mois, marqué par la prise en compte d’aveux obtenus sous la torture et par une violence sans cesse accrue envers la défense». Cette décision va intervenir, ajoutent ces deux avocates, alors qu’«un vent de justice avait soufflé sur cette affaire en 2016».4
Comment ? «Tout d’abord, avec l’annulation du jugement du tribunal militaire par la cour de cassation pour défaut de preuves et absence d’identification des victimes. Puis, après la condamnation en novembre 2016 du Maroc par le Comité contre la torture de l’ONU, qui reconnaissait que l’un des accusés, M. Asfari, avait été torturé et condamné sur la base des aveux obtenus sous la torture», rappellent-elles. «La cour d’appel a décidé de balayer d’un revers de la main ce mouvement en faveur de la justice», regrettent-elles.
«Les observateurs internationaux indépendants et les ONG de défense des droits de l’Homme n’ont eu de cesse de dénoncer les conditions inacceptables de ce procès, avec la comparution de faux témoins, des interrogatoires basés sur des aveux obtenus sous la torture ou encore la réalisation d’expertises médicolégales tronquées pour écarter les allégations de torture des accusés. La justice marocaine s’est de nouveau inscrite dans une logique de répression des militants pacifistes. Aujourd’hui, face au défaut manifeste de preuves pour prononcer des condamnations pour homicides, la cour pourrait requalifier les faits d’atteinte à la sûreté de l’Etat», s’insurgent les deux avocates.
Les prisonniers ont, le 16 mai 2017, renoncé à toute défense, pour ne plus être les acteurs de leur propre sort déjà écrit par les autorités marocaines. Le même jour, maître Metton et maître Ouled, avocates françaises de la défense, ont été expulsées avec grande violence de la salle d’audience par les forces de sécurité sur ordre du président de la cour, alors qu’elles étaient en plein exercice de leurs fonctions. Ces deux avocates disent qu’il est de leur devoir, maintenant que le procès s’achève, de rendre compte des six mois de procès. A ce propos, elles annoncent qu’elles présenteront donc, ce jeudi 15 juin 2017, leur rapport d’observations et reviendront sur les conditions inacceptables de déroulement de ce procès et, notamment, les violences dont elles ont été victimes.
Sadek Sahraoui
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