Menaces marocaines et tirs amis : qui veut faire taire l’ambassadeur Amar Belani ?
Une campagne sournoise via un journal en ligne algérien relayé par la presse marocaine à la solde du Makhzen, vise, depuis quelques jours, l’ambassadeur d’Algérie à Bruxelles, Amar Belani. Une campagne qui nous rappelle les attaques, au-dessous de la ceinture, ayant ciblé il y a quelques semaines le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abdelaziz Ben Ali Cherif.
Se sentant brusquement exposés aux discours vindicatifs, de plus en plus de diplomates algériens se sentent outrés par ces attaques qui font que notre ambassadeur à Bruxelles se retrouve, ainsi, pris entre les menaces et les intimidations marocaines, de plus en plus agressives, et les tentatives de déstabilisation de la part de certains cercles nourrissant des objectifs inavoués et usant, pour y aboutir, de méthodes dont le moins que l’on puisse dire est qu’elles sont peu diplomatiques.
Il est étrange de constater que cette campagne survient au moment où Amar Belani, parfois seul, croise le fer avec les Marocains sur la question du Sahara Occidental. Sa persévérance, son intransigeance et, surtout, sa façon de communiquer semblent déplaire à ces cercles qui ne voient pas d’un bon œil l’émergence d’un diplomate sur ce terrain stratégique au sein du pouvoir de décision, et qui voudraient certainement que l’Algérie fasse profil bas sur la question sahraouie, notamment.
Ces médias aux ordres accusent Belani d’être sorti en poste avant ses collègues. Selon différentes sources sollicitées par Algeriepatriotique, le diplomate avait bien quitté la Malaisie en novembre 2009 pour rejoindre Bruxelles en février 2014, au même moment que les ambassadeurs affectés à New York et Moscou. Ces trois postes étaient alors vacants. Ce qui prouve, au passage, que la nomination de Belani était antérieure à l’avènement de l’ex-ministre Ramtane Lamamra. Parce que dans les «griefs» retenus contre notre ambassadeur, les nouveaux inquisiteurs ne se gênent pas d’ajouter une improbable «proximité» avec l’ex-chef de la diplomatie.
Les mêmes plumes inspirées attribuent au diplomate en poste à Bruxelles d’avoir invoqué dans sa démarche des «raisons médicales». Or, il est connu que le ministère des Affaires étrangères ne prend guère en compte ce genre de considérations, assurent nos sources. Encore un argument qui ne tient pas, parce que si c’était vraiment pour des raisons de santé, le ministère des Affaires étrangères n’aurait pas accepté de l’affecter à un poste aussi important de par sa charge de travail et de ses exigences professionnelles qui le surexposent.
Autre reproche fait à notre ambassadeur à Bruxelles : le profil «hâbleur» qui n’aurait pas «donné de résultats probants» en ce qui concerne les relations de l’Algérie avec l’Union européenne. Alors qu’il n’y a qu’à relire les déclarations de la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, notamment celles de mars 2013 à l’issue du dernier conseil d’association, sur le saut qualitatif qu’enregistrent les relations avec l’Algérie qui n’ont jamais été aussi bonnes.
Le plus perfide dans cette histoire est que les médias à la solde du Makhzen se sont immédiatement emparés du sujet pour tenter d’enfoncer le clou et de discréditer la diplomatie algérienne, à un moment crucial du bras de fer qui l’oppose à Rabat et ses relais politico-médiatiques, nombreux et omniprésents dans certaines capitales européennes. Ces médias, à l’image de 360.ma, porte-voix des services de renseignements marocains, exploitent à profusion ces commérages véhiculés notamment par un site algérien réputé proche des cercles de décision. Ils se réjouissent de voir les diplomates algériens les plus engagés sur la question du Sahara Occidental et, par ricochet, les plus coriaces face aux plans machiavéliques marocains, être ainsi déstabilisés par des médias de leur propre pays.
Pour ces thuriféraires du Makhzen, «la mise à l’écart» de Ramtane Lamamra à la tête de la diplomatie devrait montrer la voie à une «purge» au sein des Affaires étrangères algériennes. Reprenant ces «interprétations» inspirées, la presse marocaine fait une fixation sur les choix «fatals» faits par Lamamra, en favorisant «les affinités plutôt que les compétences» dans les nominations d’ambassadeurs à New York, Moscou et Bruxelles.
Les médias marocains tiennent pour argent comptant «les indiscrétions» publiées par un site électronique algérien qui considère que la nomination d’Amar Belani à un poste aussi sensible pour l’Algérie que celui d’ambassadeur à Bruxelles «a fait l’effet d’un coup de massue pour les relations algéro-européennes».
A quels objectifs obéit ce parasitage qui vise un des ambassadeurs algériens les plus compétents et les plus efficaces ?
R. Mahmoudi
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