Selon une source autorisée : «Pas de médiation algérienne dans la crise du Golfe»
La capitale algérienne renoue avec sa fonction diplomatique qui en fait actuellement le lieu d’un ballet dont les acteurs sont le Qatar, les Emirats arabes unis et l’Iran, autrement dit les protagonistes de premier plan de la crise qui secoue depuis le 5 juin dernier la région du Golfe.
Aujourd’hui, c’est le ministre qatari des Affaires étrangères, Soltan bin Saad al-Muraikhi, ainsi que le ministre au cabinet de la Présidence des Emirats arabes unis, Fares Al-Mazroui, qui sont à Alger pour rencontrer notre ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, et dimanche, selon une source autorisée qui l’a révélé à Algeriepatriotique, ce sera au tour du ministre iranien des Affaires étrangères.
Cela ne signifie pas, précise notre source, que l’Algérie s’est dotée d’un statut de médiateur dans cette affaire, bien que le chef de la diplomatie qatarie ait indiqué que l’objectif de sa visite en Algérie était «l’examen des relations bilatérales et des derniers développements survenus au Golfe entre notre pays et l’Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis et le Bahreïn». Mieux, le ministre qatari semble vouloir solliciter l’Algérie pour remplir ce rôle de médiateur. Dans une déclaration à la presse à Alger, Soltan bin Saad al-Muraikhi a fait observer que «l’Algérie, en tant que grand pays dans le monde arabe, peut, de par son influence dans la région, jouer un rôle dans les relations interarabes».
On rappelle que l’Algérie, par le biais d’un communiqué du ministère des Affaires étrangères, a réagi dès le début de la crise entre le Qatar et ses voisins, en faisant part de sa grande préoccupation face à «la dégradation des relations entre certains pays du Golfe et de la région et leurs répercussions sur l’unité et la solidarité du monde arabe». Elle avait appelé au dialogue «comme seul moyen de régler leurs différends et de transcender les divergences qui peuvent naturellement surgir dans les relations entre Etats».
L’Algérie a réaffirmé à cette occasion les principes qui guident sa politique étrangère «en toutes circonstances» : bon voisinage, non-ingérence dans les affaires internes des Etats et respect de leur souveraineté nationale. Cette démarche est reconnue et saluée par ses partenaires, comme l’a fait ce jeudi le ministre qatari des Affaires étrangères qui a qualifié d’«honorable» la position de l’Algérie à l’égard de la crise entre son pays et ses voisins du Golfe, notamment à travers son appel à faire prévaloir le dialogue.
Le Qatar tente de sortir de l’isolement créé par la décision prise le 5 juin par l’Arabie Saoudite et plusieurs pays arabes de rompre les relations avec Doha, rejoint à différents degrés par d’autres Etats qui ont soit rompu eux aussi leurs relations diplomatiques, soit annoncé une diminution du niveau de ces relations. De l’autre côté, la Turquie a carrément soutenu le Qatar, tandis que l’Iran a fait part de sa disposition à l’aider à surmonter les conséquences de l’embargo aérien, terrestre et maritime qui lui est imposé par ses voisins hostiles. Le Koweït et Oman, quant à eux, ont fait montre d’une neutralité plutôt bienveillante à l’égard de Doha.
L’Arabie Saoudite veut être le leader d’un Golfe qui serait tourné contre l’Iran, selon les vœux de Washington exprimés dernièrement par Donald Trump, au cours de sa visite à Riyad. Mais, pour le moment, l’effet d’entraînement voulu par Riyad ne s’est pas produit. Dans le monde musulman, par exemple, le Pakistan a annoncé sa réticence à rompre les relations diplomatiques de son pays avec le Qatar qui semble avoir, lui aussi, les moyens financiers de faire réfléchir ceux qui seraient tentés de s’aligner sur la position de l’Arabie Saoudite.
Houari Achouri
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