Louisa Hanoune s’en prend à Ouyahia et s’oppose aux privatisations
La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, se dit «soulagée» de l’opposition du président Bouteflika, exprimée en Conseil des ministres, de recourir à l’endettement extérieur. «Nous sommes soulagés du refus du président de la République de ne pas recourir à l’endettement extérieur», déclare-t-elle lors d’une conférence de presse animée aujourd’hui au siège du parti à Alger.
Louisa Hanoune a qualifié cette décision d’extrêmement importante. Car, le retour à l’endettement extérieur équivaut au «bradage» de la souveraineté nationale, avec toutes ses conséquences sur le plan socio-économique. «Pour nous, la politique la plus judicieuse et la plus perspicace, capable d’insuffler une nouvelle dynamique à l’économie productive, une politique créatrice de richesses nouvelles, exige un nouveau système fiscal qui va corriger l’injustice face à l’impôt et à l’augmentation des taxes», souligne Mme Hanoune selon laquelle il faudra mettre aussi fin au phénomène des impôts non recouvrés.
La passionaria du PT est revenue dans ce sillage sur les trois dernières lois de finances qu’elle a, une nouvelle fois, vertement critiquées en raison de mesures antinationales et antisociales qu’elles contenaient. Louisa Hanoune a également dénoncé l’accord d’association avec l’Union européenne qui a saigné l’économie nationale et fait perdre 700 milliards de dinars au Trésor public à cause du démantèlement tarifaire et la levée des barrières douanières. La secrétaire générale du PT suggère ainsi à l’Etat algérien de recourir à l’article 11 de l’accord d’association avec l’UE qui permet à toute partie, dont la balance de paiement est déficitaire, de sortir de l’accord. «Et la balance de paiement de l’Algérie est déficitaire depuis trois ans», précise Louisa Hanoune.
Aussi, pour juguler la crise, la première responsable du PT propose de saisir les fortunes mal acquises. «Si le gouvernement veut sortir de la crise, il peut appliquer la politique : “D’où t’as eu ça?” et saisir toutes les fortunes cumulées de manière illégitime et illégale», poursuit-elle. C’est aussi le rôle du gouvernement de réhabiliter la confiance entre le citoyen et les institutions de l’Etat. Louisa Hanoune appelle dans ce sillage le gouvernement à s’éloigner des politiques qui visent à brader les biens et l’argent public au profit d’une couche de nantis au nom du redressement productif à travers la privatisation.
Pour la première responsable du PT, il y a d’autres solutions à la crise. «Il suffit d’avoir l’audace et beaucoup de patriotisme pour prendre des décisions courageuses», assure-t-elle. «Ceux qui veulent la privatisation et le pillage extérieur veulent pousser le pays dans le précipice», ajoute-t-elle, faisant allusion aux dernières déclarations du secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, qui avait appelé à la privatisation de toutes les entreprises publiques déficitaires. «Nous ne comprenons pas ce qu’ils veulent dire en parlant de rupture avec l’économie basée sur la rente pétrolière», souligne-t-elle. Elle rappelle que dans les années 1970, l’industrie étatique représentait 20% du produit intérieur brut.
Louisa Hanoune considère ainsi que la situation actuelle dans laquelle se trouve le pays est due au système politique qui, par la généralisation de la corruption et en l’absence d’instruments de contrôle, notamment parlementaires, a fini par créer une oligarchie qui siphonne les richesses nationales. La première responsable du PT appelle à une définition claire de ce qu’on veut dire par «réformes», car derrière ce mot se cachent des visions prédatrices. Louisa Hanoune exprime son inquiétude face au maintien dans le plan d’actions du gouvernement du nouveau modèle économique qui a été salué par le Fonds monétaire international (FMI). C’est un modèle qui a provoqué ailleurs la récession.
Pour elle, ce modèle n’est qu’un instrument pour le pillage du secteur public. La patronne du PT salue la décision prise en Conseil des ministres d’aller vers l’assainissement de la sphère économique. Elle considère qu’il est urgent de faire le bilan de l’Agence nationale du développement de l’investissement (Andi). Elle estime que le projet de loi de finances pour 2018 donnera plus de visibilité quant à l’orientation du nouveau gouvernement.
Hani Abdi
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