Agir à la source de la crise urbaine du logement
La déferlante de la crise financière qui touche l’Algérie s’arrête devant les chantiers de construction de logements. La convention-cadre signée jeudi entre le ministère de l’Habitat, le Crédit populaire d’Algérie et la Caisse nationale du logement pour débloquer l’argent destiné aux entreprises en est la preuve. C’est là le critère de vérité qui permet d’affirmer que le programme de logement prévu pour être bouclé en 2019 est bien une priorité nationale. Ce programme ne peut en aucun cas être concerné par les mesures d’austérité mises en application ou celles qui seront prises si la situation des finances publiques s’aggrave. Abdelmadjid Tebboune l’avait laissé entendre et sa nomination au poste de Premier ministre le confirme. Il dispose maintenant de tous les leviers de commande – à commencer par les cordons de la bourse – pour qu’il en soit ainsi.
Les informations en cascade, fortement médiatisées, sur la distribution de logements et les annonces faites aux «demandeurs» qui n’ont pas eu encore leur clé que «tout le monde sera servi», visent à démentir les «rumeurs» sur l’arrêt de ce programme» et, de toute évidence, à maintenir une paix sociale constamment menacée sur ce front. Le logement construit et distribué par l’Etat reste le seul accessible, au plan financier, aux Algériens qui sont confrontés à ce besoin. Le «marché» de la location répond à la motivation du profit propre au secteur privé, qui exclut, de fait, les catégories aux revenus modestes et oblige les couches moyennes à des sacrifices insupportables sur le moyen terme.
Le double défi de l’éradication des bidonvilles et le dépassement de la crise du logement ne sera donc pas alourdi par des considérations financières, mais pour atteindre le point non-retour et stabiliser durablement la situation dans ce domaine, d’autres mesures doivent être engagées. Il faut maîtriser à son origine la pression exercée sur l’Etat par la demande urbaine en logement. C’est, visiblement, une lacune majeure dans toutes les démarches du gouvernement : agir à la source.
Kamel Moulfi
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