Amnesty appelle l’Etat algérien à cesser les poursuites contre les «ahmadis»
Amnesty International (AI) interpelle les autorités algériennes sur le traitement réservé aux membres de la secte ahmadite. Dans une déclaration la veille du procès en appel de six membres de cette secte à Batna, Amnesty affirme que «l’Algérie doit mettre un terme à sa campagne de répression contre les membres du mouvement religieux minoritaire qu’est l’ahmadisme (ou ahmadiyya)», a déclaré Amnesty International ce lundi 19 juin.
Cette ONG plaide pour la libération de ces mis en cause qui comparaîtront le 21 juin devant la cour d’appel de Batna. Ils ont été déclarés coupables en première instance de gestion d’une association non enregistrée, de collecte de dons sans autorisation et de diffusion de documents étrangers constituant un danger pour les intérêts de la nation. Ils ont été condamnés à des peines d’emprisonnement allant de deux à quatre ans et à des amendes d’un montant de 300 000 dinars algériens (2 750 dollars environ), le 27 mars. Des peines qu’Amnesty qualifie de «lourdes».
Amnesty International assure qu’«au moins 280 femmes et hommes ahmadis ont fait l’objet d’enquêtes ou de poursuites l’année dernière, après une vague d’arrestations qui a suivi le rejet par les autorités d’une demande d’enregistrement d’une association ahmadie et de l’inauguration d’une mosquée en 2016». «La répression qui s’est abattue sur les ahmadis l’année dernière est alarmante. Cette vague d’arrestations et de poursuites visant des ahmadis montre clairement que les autorités renforcent les restrictions à la liberté d’expression dans le pays», a déclaré Heba Morayef, directrice des recherches sur l’Afrique du Nord à Amnesty International.
«Les autorités algériennes doivent faire le nécessaire pour que les poursuites visant des ahmadis, qui sont uniquement liées à la pratique pacifique de leur religion, soient abandonnées et libérer immédiatement les personnes détenues.» Amnesty estime à 2 000 le nombre d’ahmadis qui vivent actuellement en Algérie. Pour elle, ils se considèrent comme des musulmans. Elle regrette que de hauts responsables algériens les qualifiaient d’hérétiques et affirmaient qu’ils représentaient une menace pour l’Algérie.
Amnesty souligne que les ahmadis sont légalistes et veulent exercer leur rite conformément à la loi algérienne. C’est dans ce but qu’ils ont déposé une demande d’enregistrement d’une association. Une demande qui a été rejetée en mars 2016, indique Amnesty.
Hani Abdi
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