Assassinat de Karoui : appel à un rassemblement jeudi
Nombreuses ont été les réactions à l’assassinat de l’enseignant universitaire Karaoui Sarhane par des étudiants dans la nuit de dimanche à lundi. Mme Louisa Aït Hamadouche, professeur de sciences politiques à Alger, appelle à ne plus se taire face à cette violence.
«Depuis le début de l’année, la violence dans les universités algériennes ne cesse de s’intensifier. Ben Aknoun, Batna, Bordj Bou Arréridj, M’sila, Dely Ibrahim et maintenant Khemis Miliana… Des enseignants et des intellectuels ont condamné, protesté, écrit, interpellé, averti. Pour quel résultat ? Karoui Sarhane est assassiné. Il a payé de sa vie l’indifférence, l’impunité, l’irresponsabilité et la banalisation de la violence assassine dans les universités algériennes», a-t-elle écrit, lançant ainsi une pétition pour faire cesser cette spirale infernale qui tue l’Université et ceux qui luttent pour sa survie.
Louisa Aït Hamadouche appelle dans ce sillage à un rassemblement jeudi 22 juin 2017 à 10 h 30 au siège du ministère de l’Enseignement supérieur. «Faisons que l’assassinat de Karoui Sarhane ne tue pas ce qui reste de notre dignité. Des enseignants en lutte pour la justice et la dignité», a-t-elle conclu. Le sociologue Nacer Djabi a, lui aussi, appelé à se pencher sérieusement sur la situation grave dans laquelle se trouve aujourd’hui l’Université algérienne. Sur sa page Facebook, et dans une réaction à chaud, Djabi a affirmé que «la violence que connaît l’Université algérienne, comme nous l’avons vu de nos jours, n’a pas été entièrement générée par la société, comme le disent beaucoup de points de vue». «C’est aussi une violence produite, en grande partie, par l’Université elle-même. La violence doit être cherchée dans les conditions de travail à l’université et dans la qualité des relations entre l’étudiant et le professeur, mais aussi dans la mauvaise gestion administrative», a-t-il ajouté.
Cette violence est aussi le fait, selon lui, de l’enseignant non qualifié et de l’intimidation des dirigeants de l’administration. Nacer Djabi estime qu’il ne faut pas aller loin pour comprendre ce qui se passe au sein de l’Université algérienne. Il considère que cette violence a été produite à l’intérieur de l’Université et non importée de l’extérieur. Le professeur Ahmed Rouadjia a, de son côté, estimé urgent «la mobilisation des enseignants, des intellectuels et des étudiants indépendants d’esprit contre la violence de toutes les origines et d’où qu’elle vienne».
Le Conseil national des enseignants du supérieur (Cnes) a vivement dénoncé ce crime qualifié de «lâche». «Cet horrible crime est un nouvel épisode du long feuilleton de la violence au sein de l’Université. Cette violence prend une tournure inquiétante, ce qui exige une intervention rapide de toutes les forces vives mais en particulier celle du ministère de l’Enseignement supérieur afin de traiter ce phénomène», écrit le Cnes.
Il y a eu plusieurs mises en garde du Cnes contre la prolifération de la violence à l’Université. Ce syndicat des enseignants avait attiré plusieurs fois l’attention des autorités concernées. En vain. Aujourd’hui, il compte saisir directement le Premier ministre pour remédier à cette situation, juguler cette violence et réinstaurer la sécurité et la discipline au sein de l’Université.
Hani Abdi
Comment (20)