Professeur tué par des étudiants à Khemis Miliana : l’université livrée à la délinquance
Des sources concordantes ont confirmé, lundi, le meurtre d’un enseignant de droit à l’université de Khemis Meliana, Karaoui Serhane, victime, dimanche, d’une agression à l’aide d’une arme blanche (un marteau). Selon les premiers éléments d’information, l’enseignant aurait été attaqué par deux de ses étudiants qui lui auraient reproché son «intransigeance» sur la question des notes d’examen.
En attendant les résultats de l’enquête qui déterminera les raisons et circonstances exactes de ce forfait abject, cette affaire sonne comme une alerte qui interpelle aussi bien les pouvoirs publics que la société. Car, loin d’être un simple «fait divers», ce crime pose un vrai problème de société et d’autorité dans le pays et suscite des interrogations légitimes sur l’incapacité des autorités à juguler le phénomène de la violence dans le milieu scolaire et universitaire. Le gouvernement avait, à plusieurs reprises, annoncé des mesures pour réduire ce fléau qui a pris une grande ampleur ces dix dernières années mais, pour si peu de résultats, si l’on se fie aux statistiques et aux informations effrayantes que rapporte quotidiennement la presse.
Dans ce décor où de plus en plus d’enseignants agressés par des élèves, parfois en pleine classe, et d’élèves qui s’adonnent à des bagarres violentes, parfois mortelles, et à des actes de destruction par divers objets, ministère de tutelle et parents d’élèves se rejettent la responsabilité, alors qu’il s’agit d’unir les efforts pour trouver une solution urgente à cette dangereuse dérive.
Phénomène mondial, la violence juvénile s’était, jusqu’à il y a quelques années, confinée dans les stades ou pendant les émeutes sociales, où le gros des émeutiers sont des élèves de collèges ou de lycées. Le fait s’est confirmé lors des troubles de janvier dernier à Béjaïa où la première cible des manifestants fut le siège de la Direction de l’éducation. L’apparition de la violence dans les établissements scolaires est, selon des observateurs avertis, le résultat direct de l’état de déliquescence et d’instabilité chronique (grèves, incommunicabilité entre syndicats et tutelle, manque d’effectifs, surcharge des classes et des amphis…) dans lequel se débat l’école en général, et qui est cycliquement aggravé par les scandales comme celui de la fuite des épreuves d’examens aussi importants que le baccalauréat.
Alors, les autorités vont-elles, face à ce crime abominable, se montrer cette fois plus fermes ?
R. Mahmoudi
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