Une catégorie à risque
Par Kamel Moulfi – La ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, peut s’enorgueillir d’avoir réussi son année scolaire. Elle a su mobiliser très large pour assurer le bon déroulement des examens de fin d’année, plus spécialement le baccalauréat qui s’annonçait avec le danger d’une fraude de grande ampleur de nature à déstabiliser l’ensemble des institutions. Rien ne permet de penser qu’il s’agissait d’une menace fictive sciemment gonflée pour mieux faire ressortir sa mise en échec. D’autre part, le handicap créé par les dures conditions du Ramadhan n’a pas eu, visiblement, d’effets négatifs. Ce qui tend à prouver que l’effort n’est pas incompatible avec les rigueurs du jeûne. Toutefois, il reste à analyser les résultats de ces examens pour en tirer toutes les conclusions, notamment à partir de la session de juin 2017 du bac, censée préfigurer celle des prochaines années.
Par expérience, Nouria Benghebrit sait qu’il est encore tôt pour crier victoire. L’année scolaire n’est pas terminée et, pour la ministre et ses collaborateurs, il faudra, en plus, attendre la proclamation des résultats de tous les examens et voir la réaction des élèves et de leurs parents, pour envisager la suite. Dans sa conférence donnée au forum d’El-Moudjahid (voir article AP), elle a implicitement reconnu que le chemin vers une école de qualité, en mesure de gagner la confiance des Algériens, est encore long.
Officiellement, l’accent est mis sur la réforme à mener au sein de l’école, mais qu’en est-il pour les élèves qui se retrouvent dans la rue, les dizaines de milliers ou plus d’exclus pour cause d’échec aux examens ou du fait de la déperdition pour des raisons diverses. Au ministère de l’Education nationale, l’ampleur du phénomène est parfaitement connue. Le système de formation professionnelle, qui doit prendre le relais, n’arrive pas à absorber toute cette masse. Les spécialistes ont noté que c’est dans le secteur économique informel, plus ou moins visible, et, pire, dans des activités carrément illégales que les exclus trouvent à s’employer pour se procurer leurs revenus, en attendant la harga vers l’Europe. Quel programme pour cette catégorie à risque ?
K. M.
Comment (4)