La force du G5 Sahel n’aura pas de mandat de l’ONU
La force du G5 Sahel ne bénéficiera pas de la couverture des Nations unies, comme l’espérait la France. Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté ce mercredi une résolution qui salue, certes, le déploiement de cette force destinée au départ à combattre le terrorisme au Sahel. Cette résolution ne lui délivre cependant pas de mandat de l’ONU.
Le texte adopté à l’unanimité n’invoque également pas le Chapitre 7 de la Charte des Nations unies qui autorise l’utilisation de la force. Il n’est, par ailleurs, plus question de lutter contre le terrorisme puisque que le texte de la résolution stipule clairement que le déploiement de la force du G5 Sahel décidé dans l’optique uniquement de «ramener la paix et la sécurité dans la région du Sahel».
Un premier projet de résolution, présenté il y a deux semaines par Paris, proposait que le Conseil de sécurité autorise une telle force, sous mandat de l’ONU, à «utiliser tous les moyens nécessaires» afin de «combattre le terrorisme, le trafic de drogue et le trafic de personnes». Les Etats-Unis s’y étaient opposés, estimant que le projet de résolution manquait de précision et qu’une simple déclaration du Conseil suffirait, ajoutant que les pays du Sahel avaient bénéficié déjà de nombreux financements de l’ONU.
Selon Paris, une résolution était nécessaire, conformément à une demande de l’Union africaine. Le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Tchad et le Burkina Faso avaient accepté, en mars dernier, de constituer une force de 5 000 hommes chargée d’une mission spéciale de contre-terrorisme dans la région. Cette force sera basée à Bamako, comme celle de l’ONU, la Minusma, mais sous un commandement séparé, dirigé par le général Didier Dacko, précédemment chef d’état-major de l’armée malienne.
L’ONU a appelé les pays du G5 Sahel, en particulier le Burkina Faso, le Niger et le Tchad, qui, à eux trois représentent environ le tiers des quelque 12 000 militaires et policiers de l’ONU au Mali, à y maintenir leur contribution. Un succès de cette force pourrait permettre d’envisager à terme un retrait des quelque 4 000 militaires de Barkhane. Ce que souhaite ardemment Paris. «Barkhane, c’est une mission compliquée mais qui donne des résultats», affirmait en février Jean-Yves Le Drian, alors ministre français de la Défense. Il faudra partir «non pas au gré des humeurs» mais quand les pays du Sahel assureront eux-mêmes leur sécurité, estimait-il.
Dans tous les cas, il paraît clair que la France n’a pas trop envie de faire de vieux os au Sahel où elle craint de plus en plus l’enlisement.
Sadek Sahraoui
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