Université en danger
Par Kamel Moulfi – De nombreux témoignages confirmés par les communiqués d’organisations syndicales indiquent que l’Université est devenue un espace à haut risque pour les enseignants. On savait depuis quelque temps que l’insécurité frappait déjà les étudiants et on découvre maintenant, avec les affaires d’agression contre les enseignants, qu’un palier dangereux est franchi dans la détérioration des conditions qui prévalent dans l’enseignement supérieur.
Face à cette situation gravissime, les responsables au plus haut niveau – c’est-à-dire les ministres de l’Enseignement supérieur et de l’Education nationale – veulent cacher le soleil à l’aide d’un tamis en minimisant les faits. Au lieu d’agir pour combattre le mal qui ronge le système d’enseignement à tous ses paliers, ils cherchent à dédramatiser en persistant dans une démarche de communication, pinaillant sur des détails insignifiants, qui a contribué à conforter l’insécurité, alors qu’il faut la réduire. Ils semblent ignorer le risque que les choses s’aggravent et tendent vers l’irréversible.
Ce ne sont pas les agents de sécurité qui manquent, mais il n’est pas rare qu’ils se fassent les complices de voyous infiltrés dans les campus, les fameux baltaguia, et qu’ils s’en prennent, au contraire, à des étudiants sérieux, alors qu’ils sont censés avoir pour mission de les protéger et leur créer le climat de sérénité indispensable aux études. Comment sont recrutés ces agents ? Quelle formation et quelles consignes leur sont données ? Sont-ils contrôlés et sanctionnés en cas de dépassement ? On se demande si l’administration a une quelconque prise sur eux. Quant aux enseignants, ils donnent parfois l’impression d’être sous leurs ordres.
Au final, l’enseignant qui se voit abandonné perd de son autorité et se trouve contraint de mettre sa conscience professionnelle de côté pour penser à sa propre sécurité, voire tout simplement à sauver sa vie. C’est la crédibilité de l’institution qui en subit les conséquences.
Les autorités montrent un laxisme incompréhensible à l’égard de comportements, en apparence anodins, d’incivisme manifeste dans la rue, mais aussi à l’intérieur d’établissements publics, et pas seulement dans le secteur de l’enseignement. La notion de règlement intérieur, qui imposait le respect de la discipline un peu partout dans les espaces publics, n’existe plus. Les auteurs de gestes d’incivisme font ce qu’ils veulent sans être rappelés à l’ordre, et cela commence dès l’enfance, comme le prouvent les scènes que l’on peut observer directement dans la rue.
K. M.
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