Réformer le bac
Par Kamel Moulfi – C’était la fausse note de la session juin 2017 du bac : trop de candidats se sont vus exclus non pour cause de fraude, mais parce qu’ils sont arrivés en retard au centre d’examen. Une mesure salutaire a été prise par le président Bouteflika qui a ordonné l’organisation d’une session spéciale afin de leur permettre de passer cet examen pour lequel ils ont dû se préparer pendant des mois. On devine que la soirée du Ramadhan a été particulièrement heureuse, vendredi, pour les milliers de familles concernées. L’espoir d’obtenir leur bac est à nouveau permis à ces candidats.
Les déclarations de la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, ne présageaient rien de bon pour eux, mais les «retardataires exclus» ne se sont pas résignés à la perte d’une année scolaire. Leurs parents se sont plaints et leurs doléances ont eu l’oreille attentive du chef de l’Etat, qui n’a pas tenu compte de l’obstacle bureaucratique dressé par le «protocole» très sévère de l’examen. Les fonctionnaires du ministère devront se remettre à la tâche, certes à une échelle nettement plus réduite et plus facilement gérable, mais avec la rigueur d’un vrai bac.
Quelle leçon faut-il tirer de cet événement sans précédent qui consiste à faire passer une session spéciale pour les candidats qui ont raté leur bus ou dont les parents qui les accompagnaient ont été pris dans un embouteillage monstre (et il y en a à toutes les heures sur les routes algériennes) ? Il faut souhaiter que la décision du Président ne soit pas perçue comme une forme d’encouragement au dilettantisme de candidats paresseux ou de parents négligents qui peuvent croire qu’une autre chance est toujours possible en cas d’arrivée en retard en salle d’examen.
L’organisation du bac est centrée sur les conditions pédagogiques du bon déroulement des épreuves. Le transport des candidats jusqu’aux centres d’examen quand ils sont très éloignés du domicile, et c’est de plus en plus le cas, n’a jamais été l’affaire des pouvoirs publics. Or, la crainte d’être en retard et de rater l’épreuve du jour alimente les cauchemars des candidats tout autant que l’idée de «sécher» devant la feuille. Faudrait-il un dispositif anti-retard comme il y a un dispositif anti-fraude ? La solution : affecter les candidats dans des centres d’examen proches du domicile ou prévoir un transport spécial et un itinéraire réservé vers les centres d’examen du bac ? Voila encore une raison de réformer cet examen en y mettant un peu d’humanisme.
K. M.
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